L'association
Genève-Asie : Un demi-siècle de découvertes et de connexions
internationales
(Créer
des liens entre deux mondes : La mission de Genève-Asie à travers
le temps)
L'association "Genève-Asie" a été fondée il y a 50 ans pour renforcer les liens entre Genève et l'Asie, sous l'impulsion de Jacques Freymond, directeur de l’IHEI et de Thierry Barbey, associé de Lombard Odier. Ses objectifs incluent le soutien aux étudiants à travers des bourses pour des recherches en Asie et l'information du public genevois sur cette région. Bien que ses ressources aient fluctué, l'association a maintenu son engagement, élargi son champ d'intérêt à l'ensemble du continent asiatique, et créé un prix pour la meilleure thèse de master de l’IHEID touchant l’Asie. Elle repose sur le bénévolat et une approche cosmopolite.
Un soutien constant aux étudiants à travers des bourses
Depuis 50 ans nous avons toujours poursuivi le même objectif : créer et favoriser des liens entre Genève, ou la région genevoise, et l'Asie. L'organisation a été fondée par deux personnalités de haut niveau : Monsieur Jacques Freymond, directeur de l'Institut universitaire des hautes études internationales, et Monsieur Thierry Barbey, associé d'une banque privée. Tous deux connaissaient très bien l'Asie et ont constaté que Genève pourrait utilement renforcer ses liens avec elle. Relevons que, malgré la rareté des liens directs, de nombreux Genevois avaient déjà des connexions avec l'Asie, que ce soit sur le plan familial ou professionnel. Nos fondateurs ont alors estimé qu'il serait pertinent de créer un outil de contact pour officialiser et renforcer ces échanges.
L'association poursuit également deux autres objectifs principaux : d'une part, aider les étudiants, et d'autre part, mieux informer les habitants de Genève et de sa région sur les événements en Asie. Pour soutenir les étudiants, un programme de bourses a été mis en place, qui a évolué au fil des ans en fonction des ressources de l'organisation. Nous avons toujours réussi à offrir des bourses, même si leurs montants ont varié. Au départ, certaines bourses étaient généreuses, mais les ressources ont fluctué avec le temps, ce qui nous a parfois contraints à offrir des prix plutôt que des bourses. Depuis que j'ai repris l'association, j'ai cherché à développer ces bourses, et orienter leur champ d'application à des domaines variés conformes au concept de notre Association. Actuellement, notre priorité est d'aider au financement des travaux de terrain effectués par des étudiants en master, dans le cadre de leur recherche de thèse en Asie. Ces bourses, d’un montant typique de 3 000 francs, ne couvrent pas l’intégralité des coûts, mais apportent un soutien substantiel aux étudiants qui se rendent en Asie pour leurs recherches.
Nous avons intensifié notre effort ces quatre dernières années en offrant un prix pour la meilleure thèse de master de l’Institut en lien avec l'Asie. Alors que beaucoup d’étudiants réalisent des recherches remarquables sur des problématiques d’intérêt national, notre intérêt se porte davantage sur les sujets à portée internationale.
Une ouverture progressive à l'ensemble du continent asiatique
Les fondateurs de l'association se concentraient à l'origine sur l'Asie de l'Est et du Sud-Est : Japon, Chine, péninsule indochinoise, Inde. Ils étaient alors moins orientés vers l'Asie intérieure ou occidentale. J'ai eu un grand plaisir à élargir notre intérêt à d'autres régions, comme le Pakistan, l'Iran ou le Moyen-Orient ; nous avons également organisé des présentations à nos membres sur la Turquie, la route de la soie et la conquête de la Sibérie par les Russes. Notre intérêt à l’Asie s'est ainsi élargi, englobant progressivement l'ensemble du continent.
Nos moyens sont limités, nous n'avons pas de bureau en Asie, nos principales collaborations se font essentiellement avec l'Université et l'Institut. Nous essayons de diversifier les bourses que nous offrons, en nous assurant qu'elles soient liées à des enjeux internationaux. Une étude purement nationale nous intéressera surtout si elle se distingue. Bien entendu, il existe de nombreuses autres bourses touchant d'Asie, ou ciblant Genève ou l'Europe, mais elles impliquent des optiques ou des moyens différents, parfois liées à des gouvernements ou à d'autres universités. Notre dimension est modeste, et nous sommes attachés à notre indépendance.
Nous entendons souvent que de grandes organisations gouvernementales ou d’ONG peuvent parfois manquer d’efficacité, mais ils traitent de problèmes infiniment plus grands. Même si leur gestion peut sembler lourde, leurs moyens permettent d’atteindre un grand volume de bénéficiaires. Sont-ils vraiment moins efficaces ?
Notre
association bénéficie de l'engagement de bénévoles passionnés,
certains d'entre eux étant membres du comité depuis plus de dix,
voire vingt ans. Ils partagent tous un intérêt pour l'Asie, sa
culture, son économie, sa politique, son histoire, ses religions, sa
sociologie et ses particularités. Cet intérêt nous permet de
proposer à nos membres des activités variées autour de l'Asie, en
abordant des thématiques diversifiées.
12 ans de présidence et un comité dynamique au service des échanges culturels
On parle souvent de l'éducation de l'Occident et de la sagesse de l'Orient. Bien que cela ne soit pas toujours vérifié, car il y a aussi des sages en Occident et des moins sages en Asie, il est indéniable que l'Asie possède des fondements philosophiques très profonds, tournés vers la réflexion et la sagesse. Travailler pour l'association m'a permis d'apprendre énormément dans des directions variées, tout en me rendant compte de l'immensité du sujet et de ce que j'ignore encore.
Je suis devenu président de l'association après avoir travaillé quelque temps à Hong Kong. À mon retour, ou quelques années après, un membre du comité de l'association m'a approché pour me proposer de rejoindre le comité, en raison de mon expérience en Asie et de mes racines genevoises. J'ai accepté, et quelques années plus tard, Gilbert Etienne, un éminent professeur spécialisé dans l'économie agricole de l'Inde et alors président depuis de nombreuses années, m'a demandé de lui succéder… et cela fait maintenant presque 12 ans que j’occupe ce poste.
Je ne suis parle pas de langue asiatique et je n'ai pas de préférence culturelle marquée. Si j'avais dû me spécialiser, la Chine, l'Inde ou le Japon auraient probablement été mes choix, étant donné leur immensité et leur fascination.
Je suis particulièrement reconnaissant d'avoir pu maintenir un comité aussi dynamique que celui qui est en place depuis tant années. Je suis également reconnaissant à ceux de nos membres qui, de manière directe ou indirecte, ont contribué financièrement de façon généreuse, ce qui nous a permis d'intensifier nos actions, notamment en matière de bourses.
Personnellement, j'ai une affinité plus prononcée pour l'Asie non centrale, car il y a davantage de communication moderne avec le reste du monde et ces pays sont plus visibles sur la scène internationale. L'Asie centrale est fascinante, mais j'avoue avoir du mal à différencier certaines des grandes tribus ou clans qui dominent cette région, où chaque pays tire son nom de ces ethnies.
Genève, un terreau fertile pour l'ouverture cosmopolite et les opportunités professionnelles
Quant à la mondialisation, elle est un sujet vaste et complexe. Elle a apporté énormément d'opportunités à de nombreuses populations, en leur ouvrant des perspectives internationales. En Chine, par exemple, le gouvernement affirme – à juste titre – que la mondialisation a permis de sortir des centaines de millions de personnes de la pauvreté. Lorsque les échanges se multiplient, les différences tendent à s'atténuer, car il y a une attraction naturelle vers la nouveauté. Je pense que ce phénomène a toujours existé.
Si je n'étais pas cosmopolite, je ne ferais pas partie de cette association. À Genève, il est sans doute plus facile d'être cosmopolite qu'ailleurs, comme au milieu des États-Unis, du Brésil ou de la Chine. Ici, nous sommes à trois kilomètres de la frontière, au cœur d'une Europe encore très fragmentée en de nombreux pays petits et différents. Cela rend inévitable la prise de conscience des différences culturelles, ce qui facilite une ouverture d'esprit cosmopolite.
Enfin, il y a beaucoup de possibilités en Suisse. De nombreux amis me racontent comment leurs parents, parfois employés de la poste ou ouvriers, sont venus s'installer en ville et ont réussi à se construire de belles carrières. En Suisse, le système d'apprentissage est particulièrement efficace : il permet aux jeunes de commencer une formation pratique dès leur scolarité de base, et s'ils sont intelligents et motivés, ils peuvent réintégrer un cursus académique qui les mènera, parfois, jusqu'à un doctorat.
Zhenishbek EDIGEEV, journaliste kirghize