Nov 21, 2024

Isabelle Falconier: Première femme à la tête du Club Suisse de la Presse

Isabelle Falconier: Première femme à la tête du Club Suisse de la Presse
Genève, berceau des débats: Le rôle du Club Suisse de la Presse

Isabelle Falconier: entre la culture et les médias, une directrice passionnée

Merci pour l'interview.
Je m'appelle Isabelle Falconier, je suis la directrice du Club Suisse de la Presse qui est basé à Genève.
Nous sommes même basés dans le domaine de pente qui est un très beau parc à Genève.
Le Club Suisse de la Presse a été fondé il y a presque 30 ans pour créer du lien entre les journalistes internationaux basés à Genève et la Genève internationale d'un côté et puis aussi avec le reste des journalistes partout en Suisse romande.

Nous accueillons des conférences de presse, des conférences grand public et nous organisons nous-mêmes des débats, des rencontres, des conférences dans deux domaines principalement. Tout ce qui touche à la Genève internationale, les droits humains, etc.
Et puis d'un autre côté, nous organisons des événements dans le domaine du journalisme et de la presse pour parler de l'avenir des médias et pour bien expliquer la profession de journaliste au grand public.
Par exemple, chaque automne nous organisons depuis quatre ans des assises de la presse justement pour mettre le doigt sur un sujet brûlant qui concerne le monde du journalisme principalement en Suisse romande.
Je suis la première femme directrice du Club de la Presse.
Donc déjà, ça j'en suis ravie.

J'ai donc travaillé pendant 20 ans dans un news magazine qui s'appelle l'Hebdo et je dirais que ma spécialité de base c'est le monde de la culture.
J'ai dirigé le Salon du Livre de Genève pendant plusieurs années et on peut aussi saluer le fait que le Club de la Presse ait choisi une personnalité comme moi qui vient du monde des médias et aussi de la culture pour diriger le Club de la Presse ce qui permet peut-être d'envisager nos activités de manière un petit peu différente que précédemment.
On constate un fossé et beaucoup d'incompréhension entre le public et la presse et les médias et une partie de mon activité consistera peut-être à combler ce fossé et à faire en sorte qu'on, non seulement on s'assure que la presse en Suisse romande est ailleurs dans le monde mais en tout cas en Suisse romande est un avenir et en plus que le public comprenne en quoi c'est très important d'avoir des journalistes et de permettre aux jeunes qui se forment aujourd'hui de pouvoir continuer à travailler dans les médias.
Donc il faut trouver aujourd'hui une nouvelle solution pour que les médias je dirais soient moins en difficulté économique et puis regagnent le capital confiance qu'ils ont auprès de certains publics perdus.


J'ai deux domaines qui mepassionne, c'est la culture d'un côté, la littérature, puis de l'autre le monde des médias.
J'ai toujours rêvé d'être journaliste, j'ai pu travailler pendant plus de 20 ans dans une rédaction passionnante, celle du news magazine Hebdo, et donc aujourd'hui je continue à servir de médiation. Je suis quelqu'un qui aime être comme une passeuse, une médiatrice, et là je le suis aujourd'hui entre le monde de la presse, des médias et le public, et je me sens parfaitement à ma place.


-Comment se fait la sélection des événements que vous racontez ? Est-ce vous qui choisissez les sujets à aborder, ou bien êtes-vous également sollicité par des organisations ou entreprises pour couvrir certains événements spécifiques ? De quelle manière s'articule le processus décisionnel entre les événements que vous organisez vous-même et ceux pour lesquels vous êtes sollicité ?


Absolument, nous avons ces deux fonctionnements en parallèle, c'est-à-dire que d'un côté nous avons des membres, des membres qui sont des membres individuels ou des membres collectifs.

Y a-t-il des limitations quant aux sujets que vous couvrez ? Par exemple, si quelqu'un souhaite exprimer des critiques envers le pouvoir, un gouvernement, des questions religieuses, ou des sujets sensibles, y a-t-il des restrictions ou des lignes directrices spécifiques que vous suivez dans votre couverture éditoriale ?


Effectivement, il peut arriver que nous refusions une demande en fonction des instances, des personnes ou des associations qui sollicitent notre couverture. Il est impératif que l'organisation qui nous sollicite soit préalablement en conformité avec la loi, tout comme la légalité de la thématique qu'elle propose doit également être assurée.
Nous faisons attention également à ne pas programmer ou à ouvrir le club de la presse à des organismes beaucoup trop polémiques.
Nous avons évidemment une ligne et une mission qui est celle de porter les valeurs de la Genève internationale, donc ce sont des valeurs de dialogue, d'humanisme, de recherche de solutions, et évidemment que nous ne pouvons pas tolérer des propos qui iraient à l'encontre de ces principes-là.

Et nous cherchons aussi à créer des débats où, si nous avons des intervenants qui sont peut-être trop polémiques, ou qui appartiennent à une association ou à un parti trop extrémiste, et bien à ce moment-là nous leur proposerons de venir débattre pour qu'il y ait débat d'idées et non pas, disons, communication unilatérale d'une idée qui serait, je dirais, indéfendable.


Si des propos positifs et constructifs envers le gouvernement, par exemple envers le Berne actuellement au pouvoir, sont exprimés, est-ce que le gouvernement réagit de manière favorable ? Y a-t-il un intérêt manifeste à recevoir et écouter des messages positifs pour favoriser l'apprentissage et l'amélioration de ses actions ?


Alors, tout dépend si le message le réadresse directement, si c'est un appel au gouvernement.
À ce moment-là, peut-être que nous allons aussi proposer au gouvernement de réagir directement.

S'il y a une volonté de communication politique directe envers Berne, à ce moment-là, ils vont s'adresser à la représentation, à notre ambassadeur suisse ici, en représentation aux Nations Unies, sans forcément, vous voyez, passer par la voie discrète, bilatérale, sans forcément faire un appel public.

En Suisse romande, nous avons une presse qui, même si elle connaît des difficultés économiques, reste d'une immense qualité, d'une très grande richesse.

-En ce qui concerne les opinions critiques émises à l'égard de pays étrangers tels que les États-Unis ou la Russie, est-ce que votre plateforme accueille favorablement ces expressions, même lorsqu'elles proviennent d'activistes ou de personnes exprimant des critiques constructives à l'égard de ces nations ? Y a-t-il une volonté d'encourager un dialogue ouvert et diversifié sur des sujets internationaux ?


Nous attendons toujours, nous n'avons pas de règles, ne serait-ce que parce que la situation géopolitique évolue constamment.
Donc évidemment que suivant les crises politiques ou les conflits qui éclatent d'un bout à l'autre de la planète, notre réponse à des sollicitations venant de certains pays ou de certaines associations de droits de l'homme peut varier suivant la situation géopolitique.
Parce que nous sommes conscients que qui dit communication dit évidemment influence, voire manipulations.
Donc peut-être qu'une conférence de presse qui tombe bien à un moment donné, un mois après, suivant les conflits, nous allons nous montrer beaucoup plus prudents.
Nous souhaitons donner la parole à tout le monde, mais rester malgré tout, je dirais, le plus neutre et mesuré possible.
Donc évidemment que nous demandons toujours aux organismes, aux associations qui nous sollicitent pour organiser une conférence de presse, de quoi veulent-ils parler, qui parle, qui va prendre la parole.
Nous exigeons toujours que les prises de parole se fassent en français ou en anglais, au moins français-anglais, pas d'autres langues comme ça.

Et ensuite nous disons oui, vous pouvez venir faire votre conférence de presse ou non.
Il est arrivé que nous recevions des réactions ensuite de la représentation officielle du pays ici, en regrettant que nous ayons donné la parole à tel et tel groupe de défense des droits de l'homme, ou inversement évidemment, puisqu'à Genève, nous avons tout le monde à Genève, il y a autant les instances de les ONG qui luttent pour les droits de l'homme que les représentations officielles de pays qui eux-mêmes sont accusés régulièrement de violations de droits de l'homme.
Donc nous tâchons au Club de la presse de trouver un équilibre, nous trouver à mi-chemin entre les uns et les autres, en donnant encore une fois la parole à tout le monde, si possible, dans la limite de l'égalité, et en donnant si possible au public les clés pour comprendre la situation.
Le Club de la presse s'adresse aux journalistes, les journalistes ont besoin d'avoir les éléments de tous les côtés, le plus d'éléments divergents à disposition pour ensuite permettre leur propre analyse.
Pour être membre du Club suisse de la presse, c'est pas cher, c'est soit 20 francs ou 30 francs suivant si on est journaliste ou pas journaliste, et ensuite on peut être membre collectif et ça coûte à peu près 670 francs par année, et lorsqu'on est membre collectif, donc avec ces 670 francs par année, on peut utiliser les services du Club de la presse une fois par année pour faire une conférence ou une conférence de presse ou un événement d'ailleurs privé, il arrive que les membres collectifs viennent chez nous mais pour quelque chose qui est interne et qui n'est pas public, simplement nous avons nos deux salles espaces à disposition et les personnes qui sont membres peuvent venir investir nos espaces aussi pour des événements qui ne sont pas destinés au public, c'est une possibilité.

Pour les journalistes, nous leur demandons évidemment leur carte de presse etc. Il n'y a pas besoin d'être membre du Club de la presse si on est médias, pour venir assister à tout, les journalistes ont accès librement à tout.
Ensuite, lorsqu'on est membre, il y a quelques petits avantages, on reçoit tous les deux ou trois ans nos publis en annuaire des médias de Suisse, où nous faisons quelques événements de type événements conviviaux, un apéritif de la rentrée, des choses comme ça qui sont réservées aux membres.


Quels sont les besoins actuels du Club suisse de la presse, que ce soit en termes d'infrastructures telles que l'agrandissement de la salle, ou d'autres aspects nécessitant une attention particulière ?


Le club suisse de la presse est constamment à la recherche, à la fois de membres, à la fois de soutien de toutes sortes, et puis nous sommes évidemment constamment à la recherche de propositions, de collaborations, nous cherchons à garder notre cercle, notre communauté vivante et active, et ça c'est évidemment un effort constant parce que, que ce soit les membres individuels, les membres médias, les ONG, c'est un monde constamment mouvant.
Il y a des ONG, sans cesse des nouvelles ONG, le personnel de la Genève internationale reste à Genève 2, 3, 4 ans dans les missions et après ils partent, donc disons que c'est un effort constant de s'assurer que nous avons assez de membres, que nous avons suffisamment, une communauté suffisamment grande de personnes qui font appel à nos services, que nous avons un public qui nous suit, le club de la presse ayant déménagé de la Villa La Pastorale au domaine de Pente il y a à peu près une année et demie, évidemment il y a aussi à reconquérir le public, d'autant plus que, suite à la période Covid, évidemment, je dirais le public parfois a de la peine à retrouver le chemin des événements, de sortir, d'assister à des événements présentiels, donc ça c'est aussi je dirais un travail constant d'avoir un beau public qui vous suit.
Donc nous sommes à la recherche aussi, c'est une association privée, nous devons trouver les moyens de vivre, nous sommes quatre collaborateurs tous à temps partiel, mais évidemment qu'il faut faire tourner cette petite entreprise, nous avons un soutien du canton de Genève justement pour les services que nous offrons à la communauté de la Genève internationale, mais c'est un soutien qui, je dirais, heureusement qui nous aide de manière importante, mais qui ne couvre de loin pas l'entier du budget nécessaire à l'exploitation du club de la presse.

-Selon votre observation, existe-t-il des domaines ou sujets que les médias suisses ne couvrent pas suffisamment ? Par exemple, auriez-vous remarqué des lacunes dans la couverture médiatique sur un sujet particulier que vous pourriez vouloir aborder ?


Aujourd'hui encore, je trouve que les médias suisses très bons dans tous les domaines, et j'espère que les conditions économiques difficiles auxquelles ils font face actuellement ne compromettront pas les qualités d'enquête, de reportage et d'analyse dont font preuve les médias suisses, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.
Ensuite, là, on sait qu'ils participent à tous les grands consortiums d'enquête, d'investigation et d'enquête au monde, dans toutes ces liques, ces fuites de données.
Évidemment que nous avons des médias suisses et des groupes de presse suisse qui en font partie.
Par contre, les journalistes aujourd'hui ont, par exemple, en Suisse, tout ce qui concerne le secret bancaire, par exemple.
Paradoxalement, les médias suisses, disons les banques, sont protégées par un article de loi qui, aujourd'hui, fait que les médias suisses ont encore de la peine à pouvoir sortir les données qui concerneraient le secret bancaire en lien avec les banques suisses.
Mais sinon, je pense que les médias suisses n'hésitent pas, d'ailleurs, à critiquer l'action de leurs propres groupes.
il y a une très grande liberté de parole et d'expression en Suisse par rapport aux actions, que ce soit des gouvernements cantonaux ou du gouvernement fédéral, et puis que la politique internationale est bien suivie en Suisse.
Et ceci s'explique, je pense, en grande partie parce que justement, lorsqu'on est en Suisse romande, et bien on a Genève, et qu'à Genève nous avons accès au monde entier, et qu'une très grande décision concernant le monde sont prises ici à Genève, donc forcément lorsqu'on est journaliste suisse, on développe naturellement un intérêt très poussé pour les questions de géopolitique internationale.


-Suivant cette question, avez-vous des observations ou des commentaires à partager spécifiquement sur les journalistes eux-mêmes ? Par exemple, si certains journalistes montrent de l'indifférence à l'égard de certains sujets, comme le fait de ne pas assister à des invitations, avez-vous des remarques à ce sujet ?

-Si les journalistes ne viennent pas, c'est généralement faute de temps.
La difficulté de lancer des invitations aux journalistes, c'est qu'aujourd'hui les journalistes sont de plus en plus surchargés, ils sont de moins en moins, et qu'aujourd'hui il y a une immense sollicitation envers la presse, ici à Genève ou ailleurs en Suisse romande, tout le monde veut parler aux journalistes.
Tout le monde, vraiment.
Toutes les entreprises, toutes les associations, toutes les communautés, toutes les agences internationales veulent parler aux journalistes, et les journalistes évidemment ne peuvent pas tout traiter.
Donc la difficulté, ou je dirais que la complexité, c'est d'établir une bonne relation avec certains journalistes dans certains domaines, et puis de savoir qui s'intéresse à quoi, et de choisir le bon agenda en quelque sorte, le bon moment pour sortir certains thèmes.
Ensuite non, les journalistes s'ils ne viennent pas, ce n'est pas par désintérêt du sujet, c'est vraiment parce que soit ce n'est pas dans l'actualité, effectivement aujourd'hui l'actualité est prioritaire dans tous les médias, s'il n'y a pas une news, une information, une annonce, c'est effectivement très difficile d'amener un sujet qui n'est pas déjà à l'agenda.
Donc nous, au club de la presse, nous essayons de proposer des débats qui font écho justement à l'actualité, que ce soit aux thématiques qui sont traitées lors des sessions des droits humains, ou à d'autres agendas des agences venusiennes, en termes de santé, d'économie, d'intelligence artificielle, ou évidemment si les gens nous sollicitent pour une conférence de presse, bien leur expliquer qu'il faut qu'il y ait une annonce, quelque chose qui soit suffisamment actuel pour intéresser et faire se déplacer les journalistes.


Si le classement annuel de "Reporters sans frontières" place la Suisse aux alentours de la dixième position, ce qui la positionne parmi les pays nordiques toujours en avance, en quoi pensez-vous que les médias suisses pourraient encore présenter des lacunes en matière de liberté d'expression?


-Ça peut tenir à des détails, il y a davantage en Suisse, aujourd'hui en Suisse on n'hésite plus à porter plainte contre des journalistes, et à utiliser le droit à interdire la publication d'un article, ces fameuses mesures provisionnelles sont très vite, je dirais, activées par une personne qui se sentirait attaquée par un article, et donc ça c'est un objet de lutte des personnes qui luttent dans le domaine du droit des médias en Suisse, effectivement s'assurer que ces fameuses mesures provisionnelles ne soient pas activées trop vite, et qu'on puisse publier les articles, quitte ensuite évidemment à publier des droits de réponse, mais au moins que les articles puissent sortir, et il y a aussi certaines techniques plus précises comme par exemple tout ce qui est caméras cachées, il y a eu des procès très importants en Suisse mais qui font qu'encore aujourd'hui certaines techniques dont comme justement les caméras cachées ou le journalisme undercover comme on ditest plus restrictif en Suisse que dans certains pays, comme dans certains pays nordiques.
Donc je dirais que c'est principalement dû à l'arsenal législatif que la Suisse n'est pas, je dirais, dans le trio de têtes.
Mais être à peu près dixième sur plus de 140 pays exercer le métier de journaliste en Suisse reste quelque chose de relativement confortable, évidemment par rapport à d'autres pays à l'international.


-Oserais-je poser une autre question : comment se situe la rémunération des journalistes en Suisse comparée à celle des journalistes et écrivains dans les pays de l'ex-Union soviétique, où souvent ces professions connaissent des conditions financières plus modestes ?


-Les journalistes suisse gagnent de moins en moins bien leur vie. Clairement, les salaires ont baissé.
La plupart des conventions de tarifs qui étaient encore appliquées ne sont plus appliquées par les médias eux-mêmes.
Donc aujourd'hui, on peut dire que le journalisme n'est plus une profession attractive d'un point de vue salarial.
On peut aussi ajouter que les rédactions licencient beaucoup de journalistes.
Par conséquent, de nombreux journalistes choisissent de travailler en indépendant, en collaborateur extérieur, en pigiste.
Et là, les conditions sont déplorables.
Les collaborations extérieures sont mal payées, de plus en plus mal payées, et donc pour tourner aujourd'hui, un journaliste qui se lancerait en indépendant doit effectivement soit travailler non-stop, soit avoir une autre activité à côté.
Et donc clairement, on peut presque dire que le métier de journaliste en Suisse est en voie de précarisation et risque de ne plus attirer des gens qui ont fait des études, par exemple, de droit ou d'économie ou des études scientifiques.
Aujourd'hui, nous aurions besoin de journalistes qui sont bien formés dans ces domaines-là.
Or, clairement, le métier de journaliste ne va plus être suffisamment attractif pour ces personnes qui pourraient trouver, grâce à leur formation, des métiers bien plus incitatifs d'un point de vue financier.

-Comment définiriez-vous, par exemple, la crise des médias selon votre perspective personnelle ?


-La crise des médias en Suisse est la même que celle dans les autres pays occidentaux, c'est-à-dire que l'équilibre entre les recettes venant de la publicité et des lecteurs, cet équilibre-là s'est complètement rompu, à la fois parce que la publicité ne vient plus dans les médias mais va dans les réseaux sociaux, et d'autre part parce que le public a, hélas, pris l'habitude de ne pas payer pour l'information.
Et aujourd'hui, ce qui est urgent, c'est de faire comprendre au public que s'il souhaite avoir des informations fiables, s'il souhaite lire des informations intéressantes, des reportages, des enquêtes, s'il souhaite admirer les journalistes, s'il souhaite leur faire confiance, ce travail-là doit pouvoir être payé.
Et que donc, en tant que consommateur, comme on achète son pain, il faut qu'on comprenne que l'information elle-même ne peut pas tomber du ciel gratuitement, et que les réseaux sociaux ne sont qu'un tuyau.
Le contenu doit venir d'un être humain si possible, et pas d'une intelligence artificielle.
Et puis, il faut que les groupes de presse investissent dans les médias et qu'ils ne capitalisent et qu'ils ne captent pas les ressources qui viennent de la publicité pour en faire autre chose.
Et ensuite, il faut que les structures journalistiques indépendantes qui se créent, qui aujourd'hui sont en grande partie l'avenir du journalisme, trouvent un chemin dans la jungle des modèles économiques possibles aujourd'hui.
On voit beaucoup de crowdfunding.
C'est une solution, mais seule, ça ne servira à rien.
Aujourd'hui, les communautés publiques, les états, les cantons, ont envie d'une solution de s'investir pour garantir un journalisme de qualité mais tous cherchent une manière de le faire, quel financement direct ou indirect voilà donc ce que j'espère c'est effectivement que l'économie des médias je dirais perdura enfin trouvera une solution pour permettre aux métiers de perdurer.


-Pouvons-nous aborder le sujet de la littérature maintenant que nous avons évoqué votre expérience en tant qu'autrice et critique littéraire ? Auparavant, peut-être écriviez-vous abondamment, mais avec vos responsabilités actuelles qui exigent une constante activité, ressentez-vous un manque pour l'écriture ?


-J'ai toujours cherché à garder un lien avec ma passion de toujours qui est le monde des livres, la littérature, j'ai commencé le journalisme en étant critique littéraire ensuite j'ai fait beaucoup d'autres choses dans le monde du journalisme j'ai été chef de différentes rubriques, sociétés, culture en général, j'ai été rédactrice en chef adjointe du magazine Lebdo et donc et aujourd'hui j'ai gardé un lien avec à la fois l'écriture et la littérature puisque j'écris pour le journal dominical « Le matin dimanche » donc sur des livres, la littérature et en parallèle j'essaye effectivement de garder enfin d'écrire des livres de journaliste c'est à dire que j'écris des livres par exemple sur le Léman, le lac dans lequel ici à Genève nous baignons donc j'écris un petit livre sur le lac Léman, un autre sur le Montana, l'état américain du Montana, je suis passionnée par ce qu'on appelle le nature writing incarné par des auteurs comme Jim Harrison, j'ai aussi écrit un livre sur Heidi parce que l'histoire de Heidi, cette petite fille des montagnes devenue une icône universelle connue dans le monde entier son histoire est passionnante, ça va bien au delà d'une simple histoire pour enfants et c'est même un livre en fait qui est un livre à la fois qui raconte l'histoire de Heidi mais c'est un livre de cuisine et on donne des recettes, c'est un livre que j'ai écrit avec une amie écrivaine culinaire Anne Martinetti, j'ai aussi écrit des livres collectifs, des promenades littéraires à Lausanne ou en Suisse romande, aussi un petit livre sur le poète Alexandre Voisard qui est un très grand poète de langue française et qui habite en Suisse romande, donc j'essaie comme ça de garder aussi une activité d'auteur et j'adorerais avoir encore plus de temps pour m'attaquer à une des mille idées de publications que j'ai.

-D'où tirez-vous votre inspiration et les stimules ?


-Quand on est journaliste, on est curieux de tout, quand j'étais petite on m'appelait Madame Pourquoi, j'ai toujours été curieuse de toutes sortes de sujets et quand on est journaliste ou quand on écrit des livres, finalement ça nous donne l'occasion de répondre à ces questions.
Je suis une immense lectrice, j'adore lire et lire des livres est une manière de voyager, est une manière de découvrir le monde, les autres, comment les autres vivent, se mettre dans la peau des personnages, qu'ils soient hommes, femmes, enfants, vieillards et la lecture est aussi une manière de répondre à des questions qu'on se pose.

-Que pouvez-vous partager sur la littérature suisse contemporaine et quelles tendances ou caractéristiques remarquables observez-vous dans la scène littéraire actuelle de la Suisse ?


-La littérature en Suisse romande est très vivante, vraiment la scène littéraire est très vivante, il y a des auteurs de toutes les générations qui écrivent, qui publient des romans, des essais, de la poésie, des livres de voyage, il y a aussi de multitude de maisons d'édition.
Ensuite il y a peu de maisons d'édition qui sont grandes, importantes et suffisamment puissantes pour être bien diffusées en France et être bien connues du grand public.
Auparavant, à Paris, être issu de Suisse romande était parfois considéré comme un désavantage, mais heureusement, les jeunes auteurs contemporains ne rencontrent plus ce souci. Ils écrivent en langue française, et que l'on soit Suisse, Français, Belge ou Québécois, cela n'est plus une question ; l'identité n'est plus confinée à une nationalité.


Donc il y a de très bons auteurs en suisse-romande, Elisa Chua du Sapin qui est une jeune autrice d'origine jurassienne qui est publiée aux éditions Zoé et qui depuis quelques années multiplie les prix et les récompenses internationales.
Joël Dicker évidemment, Joël Dicker qui est genevois et qui depuis l'affaire Harry Kéber, ça fait maintenant une quinzaine d'années qu'il écrit, vraiment explosé, est devenu une personnalité connue dans le monde entier et le succès de quelqu'un comme Joël Dicker fait beaucoup de bien aux auteurs de suisse-romande parce qu'évidemment ils se disent tous mais finalement il ouvre le champ des possibles, si lui l'a fait, moi peut-être que ça peut m'arriver.
Ensuite en suisse-romande les gens lisent beaucoup, ils aiment lire, il y a vraiment une culture du livre qui est importante, une culture de l'édition aussi, il y a voilà l'édition, la lecture, les bibliothèques, les librairies, tout ça c'est quelque chose qui est important en suisse-romande, j'espère que ça le restera longtemps et les gens lisent d'ailleurs que ce soit les livres imprimés ou des e-books et je dirais qu'aujourd'hui c'est quelque chose d'important, être écrivain symboliquement ça compte.
Ensuite par contre on ne peut pas en vivre c'est à dire que économiquement la suisse-romande est un petit marché comme on dit donc même si on vend des livres on n'en vend pas assez pour vivre donc les écrivains en suisse-romande ont tous une autre activité à côté, ça n'empêche pas qu'il y ait de nombreux festivals du livre, il y a le livre, le salon du livre de Genève, au printemps, en automne il y a un festival littéraire qui est le livre sur les quai à Morge et entre deux il y a des dizaines de festivals littéraires plus ou moins petits, plus ou moins grands et qui font que vraiment si on aime ce domaine là en suisse-romande on est vraiment servi.
Il y a une tendance qui est née il y a aussi une dizaine d'années c'est le polar en suisse-romande, quand on a eu cette grande vague du polar nordique qui a balayé tout le monde et l'Europe et bien les auteurs en suisse-romande se sont mis à écrire des polars qui se passent ici en suisse-romande avec beaucoup de succès et aujourd'hui les auteurs les plus connus et les plus populaires en suisse-romande ce sont des auteurs de polar, Nicolas Feucht, Marc Foltenauer par exemple ou Catherine Rolland, on pourrait citer comme ça une dizaine de noms d'hommes et de femmes qui sont des auteurs très populaires dans le genre polar et qui tous parlent de lieu en suisse-romande dans leur polar.

En considérant les grandes différences entre le suisse-romande et le suisse-alémanique, notamment sur le plan linguistique, pensez-vous que cela influence la perception d'une personne venant d'un pays où les distinctions linguistiques sont marquées ?


Oui clairement le pays c'est la langue, la suisse-romande regarde Paris et la France et la suisse-allémanique regarde l'Allemagne, Berlin et toutes les grandes villes allemandes.
Nous avons très peu d'artistes, de personnalités de la culture et ou d'écrivains même qui sont aussi connus en suisse-romande qu'en suisse-allémanique.
Vraiment je pense que je peux citer Martin Souter, Joël Dicker mais ce sont là les plus connus pour les auteurs vivants.
Ensuite il y a des auteurs morts comme Frédéric Durenmatt, Max Frisch, Fritz Zorn dans l'autre sens, Rameau qui ont traversé la frontière mais sinon il y a effectivement je pense un problème de circulation des oeuvres, de traduction et ensuite de popularité des personnalités de part et d'autre.
Mais je pense que sincèrement pour les gens le pays c'est la langue et moi-même j'en suis la première consciente, je me sens appartenir au pays de la langue française.
Une langue c'est toujours plus qu'un simple moyen de communiquer. Communication. Ça va de pair avec une forme, de manière d'organiser la pensée, une sensibilité..
Mais malheureusement, on ne peut pas vivre de sa plume en suisse romande. Et si on y arrive, c'est une exception. Mais non seulement, par tout, dans le monde c’est pas facile.

Mais ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, la génération des jeunes écrivains, qui aujourd'hui peut suivre une formation, on peut suivre. Il y a une haute école, l'Institut littéraire suisse, permet de se former en écriture.
Et aujourd'hui, les jeunes écrivains essayent de vivre de leur plume, mais en déclinant les activités d'écriture.
On ne vit pas des romans qu'on publie.
Si on vit de sa plume, on vit d'autres choses.
On vit de textes de commandes, on vit des droits de traduction, des droits d'adaptation, on vit des lectures que l'on donne, ou des débats auxquels on participe, s'ils sont effectivement payés, rémunérés.
Et aujourd'hui, il y a beaucoup de jeunes auteurs qui sont prêts à faire des concessions sur leur, disons sur leur, comment dire, qui sont prêts finalement à vivre avec moins, et donc à vivre peut-être en dépensant moins, mais pour tenter de vivre de leur plume.
Ce qui est possible lorsqu'on n'a pas de famille, ensuite, effectivement, on se trouve généralement à devoir chercher une activité à côté.
Mais on sort de ce modèle, qui était un modèle très rempandu du prof, de la personne qui est enseignant, professeur, et qui à côté écrit, ou qui attend la retraite pour écrire.

-La critique est-elle avant tout cruciale pour l'écrivain lui-même ou pour le public, notamment le lecteur ?

-La critique littéraire est importante autant pour les lecteurs que pour les écrivains.
Pour les écrivains, ils ont besoin d'un retour sur leur travail, ça c'est vital, qu'ils aillent au-delà du retour de leur éditeur.
Les auteurs ont un besoin vital, évidemment, qu'on parle d'eux, d'exister.
Si on écrit, qu'on publie, et que tout ça se fait dans une invisibilité totale, c'est très difficile à vivre.
Et ensuite, le public, devant la masse de livres qui paraît chaque semaine, chaque mois, il faut des prescripteurs, il faut des gens qui vous donnent des conseils de lecture, qui vous disent, si vous aimez tel type de livre, cette nouveauté va vous plaire.
En Suisse romande, il y a plusieurs types de prescripteurs, il y a les libraires, les bibliothécaires, il y a des gens qui ont des blogs de lecture en ligne, il y a les communautés de lecteurs sur différentes plateformes, et le critique littéraire est à la fois un prescripteur, mais il va aussi son travail, parce qu'il est un expert, parce que normalement il a vraiment des compétences
qui lui permettent aussi de mettre dans un contexte, il va aller au-delà de son simple avis.
Donc le critique littéraire est un prescripteur mais avec des spécificités qui sont différentes de celles, encore une fois, des autres prescripteurs de toute la chaîne du livre.
Donc il est utile critique littéraire autant pour la production littéraire que pour la, je dirais ensuite, la consommation littéraire.


-Et ma dernière question : on dit qu'il n'y a plus d'amour comme avant, est-ce que c'est vrai ?


-Oh l'amour est encore au coeur de tous les romans qui paraissent, peut-être qu'il se dit d'une autre manière, qu'on utilise des autres mots, peut-être qu'il est plus compliqué qu'avant parce que finalement dans l'amour aujourd'hui, lorsqu'on habite évidemment dans une société libre et qui donne tous les droits aux femmes et aux hommes, finalement on a tous les choix.
Donc plus on a le choix, on peut choisir sa vie et donc c'est encore plus compliqué.
Mais non, l'amour est au coeur d'une multitude de romans qui paraissent.
Je pense que c'est la grande affaire de la vie des auteurs et de la vie des hommes et des femmes en général.

Isabelle Falconier: Première femme à la tête du Club Suisse de la Presse
Genève, berceau des débats: Le rôle du Club Suisse de la Presse

Isabelle Falconier: entre la culture et les médias, une directrice passionnée

Merci pour votre invitation.
Je m'appelle Isabelle Falconier, je suis la directrice du Club Suisse de la Presse qui est basé à Genève.
Nous sommes même basés dans le domaine de pente qui est un très beau parc à Genève.
Le Club Suisse de la Presse a été fondé il y a presque 30 ans pour créer du lien entre les journalistes internationaux basés à Genève et la Genève internationale d'un côté et puis aussi avec le reste des journalistes partout en Suisse romande.

Nous accueillons des conférences de presse, des conférences grand public et nous organisons nous-mêmes des débats, des rencontres, des conférences dans deux domaines principalement. Tout ce qui touche à la Genève internationale, les droits humains, etc.
Et puis d'un autre côté, nous organisons des événements dans le domaine du journalisme et de la presse pour parler de l'avenir des médias et pour bien expliquer la profession de journaliste au grand public.
Par exemple, chaque automne nous organisons depuis quatre ans des assises de la presse justement pour mettre le doigt sur un sujet brûlant qui concerne le monde du journalisme principalement en Suisse romande.
Je suis la première femme directrice du Club de la Presse.
Donc déjà, ça j'en suis ravie.

J'ai donc travaillé pendant 20 ans dans un news magazine qui s'appelle l'Hebdo et je dirais que ma spécialité de base c'est le monde de la culture.
J'ai dirigé le Salon du Livre de Genève pendant plusieurs années et on peut aussi saluer le fait que le Club de la Presse ait choisi une personnalité comme moi qui vient du monde des médias et aussi de la culture pour diriger le Club de la Presse ce qui permet peut-être d'envisager nos activités de manière un petit peu différente que précédemment.
On constate un fossé et beaucoup d'incompréhension entre le public et la presse et les médias et une partie de mon activité consistera peut-être à combler ce fossé et à faire en sorte qu'on, non seulement on s'assure que la presse en Suisse romande est ailleurs dans le monde mais en tout cas en Suisse romande est un avenir et en plus que le public comprenne en quoi c'est très important d'avoir des journalistes et de permettre aux jeunes qui se forment aujourd'hui de pouvoir continuer à travailler dans les médias.
Donc il faut trouver aujourd'hui une nouvelle solution pour que les médias je dirais soient moins en difficulté économique et puis regagnent le capital confiance qu'ils ont auprès de certains publics perdus.


J'ai deux domaines qui mepassionne, c'est la culture d'un côté, la littérature, puis de l'autre le monde des médias.
J'ai toujours rêvé d'être journaliste, j'ai pu travailler pendant plus de 20 ans dans une rédaction passionnante, celle du news magazine Hebdo, et donc aujourd'hui je continue à servir de médiation. Je suis quelqu'un qui aime être comme une passeuse, une médiatrice, et là je le suis aujourd'hui entre le monde de la presse, des médias et le public, et je me sens parfaitement à ma place.


-Comment se fait la sélection des événements que vous racontez ? Est-ce vous qui choisissez les sujets à aborder, ou bien êtes-vous également sollicité par des organisations ou entreprises pour couvrir certains événements spécifiques ? De quelle manière s'articule le processus décisionnel entre les événements que vous organisez vous-même et ceux pour lesquels vous êtes sollicité ?


Absolument, nous avons ces deux fonctionnements en parallèle, c'est-à-dire que d'un côté nous avons des membres, des membres qui sont des membres individuels ou des membres collectifs.

Y a-t-il des limitations quant aux sujets que vous couvrez ? Par exemple, si quelqu'un souhaite exprimer des critiques envers le pouvoir, un gouvernement, des questions religieuses, ou des sujets sensibles, y a-t-il des restrictions ou des lignes directrices spécifiques que vous suivez dans votre couverture éditoriale ?


Effectivement, il peut arriver que nous refusions une demande en fonction des instances, des personnes ou des associations qui sollicitent notre couverture. Il est impératif que l'organisation qui nous sollicite soit préalablement en conformité avec la loi, tout comme la légalité de la thématique qu'elle propose doit également être assurée.
Nous faisons attention également à ne pas programmer ou à ouvrir le club de la presse à des organismes beaucoup trop polémiques.
Nous avons évidemment une ligne et une mission qui est celle de porter les valeurs de la Genève internationale, donc ce sont des valeurs de dialogue, d'humanisme, de recherche de solutions, et évidemment que nous ne pouvons pas tolérer des propos qui iraient à l'encontre de ces principes-là.

Et nous cherchons aussi à créer des débats où, si nous avons des intervenants qui sont peut-être trop polémiques, ou qui appartiennent à une association ou à un parti trop extrémiste, et bien à ce moment-là nous leur proposerons de venir débattre pour qu'il y ait débat d'idées et non pas, disons, communication unilatérale d'une idée qui serait, je dirais, indéfendable.


Si des propos positifs et constructifs envers le gouvernement, par exemple envers le Berne actuellement au pouvoir, sont exprimés, est-ce que le gouvernement réagit de manière favorable ? Y a-t-il un intérêt manifeste à recevoir et écouter des messages positifs pour favoriser l'apprentissage et l'amélioration de ses actions ?


Alors, tout dépend si le message le réadresse directement, si c'est un appel au gouvernement.
À ce moment-là, peut-être que nous allons aussi proposer au gouvernement de réagir directement.

S'il y a une volonté de communication politique directe envers Berne, à ce moment-là, ils vont s'adresser à la représentation, à notre ambassadeur suisse ici, en représentation aux Nations Unies, sans forcément, vous voyez, passer par la voie discrète, bilatérale, sans forcément faire un appel public.

En Suisse romande, nous avons une presse qui, même si elle connaît des difficultés économiques, reste d'une immense qualité, d'une très grande richesse.

-En ce qui concerne les opinions critiques émises à l'égard de pays étrangers tels que les États-Unis ou la Russie, est-ce que votre plateforme accueille favorablement ces expressions, même lorsqu'elles proviennent d'activistes ou de personnes exprimant des critiques constructives à l'égard de ces nations ? Y a-t-il une volonté d'encourager un dialogue ouvert et diversifié sur des sujets internationaux ?


Nous attendons toujours, nous n'avons pas de règles, ne serait-ce que parce que la situation géopolitique évolue constamment.
Donc évidemment que suivant les crises politiques ou les conflits qui éclatent d'un bout à l'autre de la planète, notre réponse à des sollicitations venant de certains pays ou de certaines associations de droits de l'homme peut varier suivant la situation géopolitique.
Parce que nous sommes conscients que qui dit communication dit évidemment influence, voire manipulations.
Donc peut-être qu'une conférence de presse qui tombe bien à un moment donné, un mois après, suivant les conflits, nous allons nous montrer beaucoup plus prudents.
Nous souhaitons donner la parole à tout le monde, mais rester malgré tout, je dirais, le plus neutre et mesuré possible.
Donc évidemment que nous demandons toujours aux organismes, aux associations qui nous sollicitent pour organiser une conférence de presse, de quoi veulent-ils parler, qui parle, qui va prendre la parole.
Nous exigeons toujours que les prises de parole se fassent en français ou en anglais, au moins français-anglais, pas d'autres langues comme ça.

Et ensuite nous disons oui, vous pouvez venir faire votre conférence de presse ou non.
Il est arrivé que nous recevions des réactions ensuite de la représentation officielle du pays ici, en regrettant que nous ayons donné la parole à tel et tel groupe de défense des droits de l'homme, ou inversement évidemment, puisqu'à Genève, nous avons tout le monde à Genève, il y a autant les instances de les ONG qui luttent pour les droits de l'homme que les représentations officielles de pays qui eux-mêmes sont accusés régulièrement de violations de droits de l'homme.
Donc nous tâchons au Club de la presse de trouver un équilibre, nous trouver à mi-chemin entre les uns et les autres, en donnant encore une fois la parole à tout le monde, si possible, dans la limite de l'égalité, et en donnant si possible au public les clés pour comprendre la situation.
Le Club de la presse s'adresse aux journalistes, les journalistes ont besoin d'avoir les éléments de tous les côtés, le plus d'éléments divergents à disposition pour ensuite permettre leur propre analyse.
Pour être membre du Club suisse de la presse, c'est pas cher, c'est soit 20 francs ou 30 francs suivant si on est journaliste ou pas journaliste, et ensuite on peut être membre collectif et ça coûte à peu près 670 francs par année, et lorsqu'on est membre collectif, donc avec ces 670 francs par année, on peut utiliser les services du Club de la presse une fois par année pour faire une conférence ou une conférence de presse ou un événement d'ailleurs privé, il arrive que les membres collectifs viennent chez nous mais pour quelque chose qui est interne et qui n'est pas public, simplement nous avons nos deux salles espaces à disposition et les personnes qui sont membres peuvent venir investir nos espaces aussi pour des événements qui ne sont pas destinés au public, c'est une possibilité.

Pour les journalistes, nous leur demandons évidemment leur carte de presse etc. Il n'y a pas besoin d'être membre du Club de la presse si on est médias, pour venir assister à tout, les journalistes ont accès librement à tout.
Ensuite, lorsqu'on est membre, il y a quelques petits avantages, on reçoit tous les deux ou trois ans nos publis en annuaire des médias de Suisse, où nous faisons quelques événements de type événements conviviaux, un apéritif de la rentrée, des choses comme ça qui sont réservées aux membres.


Quels sont les besoins actuels du Club suisse de la presse, que ce soit en termes d'infrastructures telles que l'agrandissement de la salle, ou d'autres aspects nécessitant une attention particulière ?


Le club suisse de la presse est constamment à la recherche, à la fois de membres, à la fois de soutien de toutes sortes, et puis nous sommes évidemment constamment à la recherche de propositions, de collaborations, nous cherchons à garder notre cercle, notre communauté vivante et active, et ça c'est évidemment un effort constant parce que, que ce soit les membres individuels, les membres médias, les ONG, c'est un monde constamment mouvant.
Il y a des ONG, sans cesse des nouvelles ONG, le personnel de la Genève internationale reste à Genève 2, 3, 4 ans dans les missions et après ils partent, donc disons que c'est un effort constant de s'assurer que nous avons assez de membres, que nous avons suffisamment, une communauté suffisamment grande de personnes qui font appel à nos services, que nous avons un public qui nous suit, le club de la presse ayant déménagé de la Villa La Pastorale au domaine de Pente il y a à peu près une année et demie, évidemment il y a aussi à reconquérir le public, d'autant plus que, suite à la période Covid, évidemment, je dirais le public parfois a de la peine à retrouver le chemin des événements, de sortir, d'assister à des événements présentiels, donc ça c'est aussi je dirais un travail constant d'avoir un beau public qui vous suit.
Donc nous sommes à la recherche aussi, c'est une association privée, nous devons trouver les moyens de vivre, nous sommes quatre collaborateurs tous à temps partiel, mais évidemment qu'il faut faire tourner cette petite entreprise, nous avons un soutien du canton de Genève justement pour les services que nous offrons à la communauté de la Genève internationale, mais c'est un soutien qui, je dirais, heureusement qui nous aide de manière importante, mais qui ne couvre de loin pas l'entier du budget nécessaire à l'exploitation du club de la presse.

-Selon votre observation, existe-t-il des domaines ou sujets que les médias suisses ne couvrent pas suffisamment ? Par exemple, auriez-vous remarqué des lacunes dans la couverture médiatique sur un sujet particulier que vous pourriez vouloir aborder ?


Aujourd'hui encore, je trouve que les médias suisses très bons dans tous les domaines, et j'espère que les conditions économiques difficiles auxquelles ils font face actuellement ne compromettront pas les qualités d'enquête, de reportage et d'analyse dont font preuve les médias suisses, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.
Ensuite, là, on sait qu'ils participent à tous les grands consortiums d'enquête, d'investigation et d'enquête au monde, dans toutes ces liques, ces fuites de données.
Évidemment que nous avons des médias suisses et des groupes de presse suisse qui en font partie.
Par contre, les journalistes aujourd'hui ont, par exemple, en Suisse, tout ce qui concerne le secret bancaire, par exemple.
Paradoxalement, les médias suisses, disons les banques, sont protégées par un article de loi qui, aujourd'hui, fait que les médias suisses ont encore de la peine à pouvoir sortir les données qui concerneraient le secret bancaire en lien avec les banques suisses.
Mais sinon, je pense que les médias suisses n'hésitent pas, d'ailleurs, à critiquer l'action de leurs propres groupes.
il y a une très grande liberté de parole et d'expression en Suisse par rapport aux actions, que ce soit des gouvernements cantonaux ou du gouvernement fédéral, et puis que la politique internationale est bien suivie en Suisse.
Et ceci s'explique, je pense, en grande partie parce que justement, lorsqu'on est en Suisse romande, et bien on a Genève, et qu'à Genève nous avons accès au monde entier, et qu'une très grande décision concernant le monde sont prises ici à Genève, donc forcément lorsqu'on est journaliste suisse, on développe naturellement un intérêt très poussé pour les questions de géopolitique internationale.


-Suivant cette question, avez-vous des observations ou des commentaires à partager spécifiquement sur les journalistes eux-mêmes ? Par exemple, si certains journalistes montrent de l'indifférence à l'égard de certains sujets, comme le fait de ne pas assister à des invitations, avez-vous des remarques à ce sujet ?

-Si les journalistes ne viennent pas, c'est généralement faute de temps.
La difficulté de lancer des invitations aux journalistes, c'est qu'aujourd'hui les journalistes sont de plus en plus surchargés, ils sont de moins en moins, et qu'aujourd'hui il y a une immense sollicitation envers la presse, ici à Genève ou ailleurs en Suisse romande, tout le monde veut parler aux journalistes.
Tout le monde, vraiment.
Toutes les entreprises, toutes les associations, toutes les communautés, toutes les agences internationales veulent parler aux journalistes, et les journalistes évidemment ne peuvent pas tout traiter.
Donc la difficulté, ou je dirais que la complexité, c'est d'établir une bonne relation avec certains journalistes dans certains domaines, et puis de savoir qui s'intéresse à quoi, et de choisir le bon agenda en quelque sorte, le bon moment pour sortir certains thèmes.
Ensuite non, les journalistes s'ils ne viennent pas, ce n'est pas par désintérêt du sujet, c'est vraiment parce que soit ce n'est pas dans l'actualité, effectivement aujourd'hui l'actualité est prioritaire dans tous les médias, s'il n'y a pas une news, une information, une annonce, c'est effectivement très difficile d'amener un sujet qui n'est pas déjà à l'agenda.
Donc nous, au club de la presse, nous essayons de proposer des débats qui font écho justement à l'actualité, que ce soit aux thématiques qui sont traitées lors des sessions des droits humains, ou à d'autres agendas des agences venusiennes, en termes de santé, d'économie, d'intelligence artificielle, ou évidemment si les gens nous sollicitent pour une conférence de presse, bien leur expliquer qu'il faut qu'il y ait une annonce, quelque chose qui soit suffisamment actuel pour intéresser et faire se déplacer les journalistes.


Si le classement annuel de "Reporters sans frontières" place la Suisse aux alentours de la dixième position, ce qui la positionne parmi les pays nordiques toujours en avance, en quoi pensez-vous que les médias suisses pourraient encore présenter des lacunes en matière de liberté d'expression?


-Ça peut tenir à des détails, il y a davantage en Suisse, aujourd'hui en Suisse on n'hésite plus à porter plainte contre des journalistes, et à utiliser le droit à interdire la publication d'un article, ces fameuses mesures provisionnelles sont très vite, je dirais, activées par une personne qui se sentirait attaquée par un article, et donc ça c'est un objet de lutte des personnes qui luttent dans le domaine du droit des médias en Suisse, effectivement s'assurer que ces fameuses mesures provisionnelles ne soient pas activées trop vite, et qu'on puisse publier les articles, quitte ensuite évidemment à publier des droits de réponse, mais au moins que les articles puissent sortir, et il y a aussi certaines techniques plus précises comme par exemple tout ce qui est caméras cachées, il y a eu des procès très importants en Suisse mais qui font qu'encore aujourd'hui certaines techniques dont comme justement les caméras cachées ou le journalisme undercover comme on ditest plus restrictif en Suisse que dans certains pays, comme dans certains pays nordiques.
Donc je dirais que c'est principalement dû à l'arsenal législatif que la Suisse n'est pas, je dirais, dans le trio de têtes.
Mais être à peu près dixième sur plus de 140 pays exercer le métier de journaliste en Suisse reste quelque chose de relativement confortable, évidemment par rapport à d'autres pays à l'international.


-Oserais-je poser une autre question : comment se situe la rémunération des journalistes en Suisse comparée à celle des journalistes et écrivains dans les pays de l'ex-Union soviétique, où souvent ces professions connaissent des conditions financières plus modestes ?


-Les journalistes suisse gagnent de moins en moins bien leur vie. Clairement, les salaires ont baissé.
La plupart des conventions de tarifs qui étaient encore appliquées ne sont plus appliquées par les médias eux-mêmes.
Donc aujourd'hui, on peut dire que le journalisme n'est plus une profession attractive d'un point de vue salarial.
On peut aussi ajouter que les rédactions licencient beaucoup de journalistes.
Par conséquent, de nombreux journalistes choisissent de travailler en indépendant, en collaborateur extérieur, en pigiste.
Et là, les conditions sont déplorables.
Les collaborations extérieures sont mal payées, de plus en plus mal payées, et donc pour tourner aujourd'hui, un journaliste qui se lancerait en indépendant doit effectivement soit travailler non-stop, soit avoir une autre activité à côté.
Et donc clairement, on peut presque dire que le métier de journaliste en Suisse est en voie de précarisation et risque de ne plus attirer des gens qui ont fait des études, par exemple, de droit ou d'économie ou des études scientifiques.
Aujourd'hui, nous aurions besoin de journalistes qui sont bien formés dans ces domaines-là.
Or, clairement, le métier de journaliste ne va plus être suffisamment attractif pour ces personnes qui pourraient trouver, grâce à leur formation, des métiers bien plus incitatifs d'un point de vue financier.

-Comment définiriez-vous, par exemple, la crise des médias selon votre perspective personnelle ?


-La crise des médias en Suisse est la même que celle dans les autres pays occidentaux, c'est-à-dire que l'équilibre entre les recettes venant de la publicité et des lecteurs, cet équilibre-là s'est complètement rompu, à la fois parce que la publicité ne vient plus dans les médias mais va dans les réseaux sociaux, et d'autre part parce que le public a, hélas, pris l'habitude de ne pas payer pour l'information.
Et aujourd'hui, ce qui est urgent, c'est de faire comprendre au public que s'il souhaite avoir des informations fiables, s'il souhaite lire des informations intéressantes, des reportages, des enquêtes, s'il souhaite admirer les journalistes, s'il souhaite leur faire confiance, ce travail-là doit pouvoir être payé.
Et que donc, en tant que consommateur, comme on achète son pain, il faut qu'on comprenne que l'information elle-même ne peut pas tomber du ciel gratuitement, et que les réseaux sociaux ne sont qu'un tuyau.
Le contenu doit venir d'un être humain si possible, et pas d'une intelligence artificielle.
Et puis, il faut que les groupes de presse investissent dans les médias et qu'ils ne capitalisent et qu'ils ne captent pas les ressources qui viennent de la publicité pour en faire autre chose.
Et ensuite, il faut que les structures journalistiques indépendantes qui se créent, qui aujourd'hui sont en grande partie l'avenir du journalisme, trouvent un chemin dans la jungle des modèles économiques possibles aujourd'hui.
On voit beaucoup de crowdfunding.
C'est une solution, mais seule, ça ne servira à rien.
Aujourd'hui, les communautés publiques, les états, les cantons, ont envie d'une solution de s'investir pour garantir un journalisme de qualité mais tous cherchent une manière de le faire, quel financement direct ou indirect voilà donc ce que j'espère c'est effectivement que l'économie des médias je dirais perdura enfin trouvera une solution pour permettre aux métiers de perdurer.


-Pouvons-nous aborder le sujet de la littérature maintenant que nous avons évoqué votre expérience en tant qu'autrice et critique littéraire ? Auparavant, peut-être écriviez-vous abondamment, mais avec vos responsabilités actuelles qui exigent une constante activité, ressentez-vous un manque pour l'écriture ?


-J'ai toujours cherché à garder un lien avec ma passion de toujours qui est le monde des livres, la littérature, j'ai commencé le journalisme en étant critique littéraire ensuite j'ai fait beaucoup d'autres choses dans le monde du journalisme j'ai été chef de différentes rubriques, sociétés, culture en général, j'ai été rédactrice en chef adjointe du magazine Lebdo et donc et aujourd'hui j'ai gardé un lien avec à la fois l'écriture et la littérature puisque j'écris pour le journal dominical « Le matin dimanche » donc sur des livres, la littérature et en parallèle j'essaye effectivement de garder enfin d'écrire des livres de journaliste c'est à dire que j'écris des livres par exemple sur le Léman, le lac dans lequel ici à Genève nous baignons donc j'écris un petit livre sur le lac Léman, un autre sur le Montana, l'état américain du Montana, je suis passionnée par ce qu'on appelle le nature writing incarné par des auteurs comme Jim Harrison, j'ai aussi écrit un livre sur Heidi parce que l'histoire de Heidi, cette petite fille des montagnes devenue une icône universelle connue dans le monde entier son histoire est passionnante, ça va bien au delà d'une simple histoire pour enfants et c'est même un livre en fait qui est un livre à la fois qui raconte l'histoire de Heidi mais c'est un livre de cuisine et on donne des recettes, c'est un livre que j'ai écrit avec une amie écrivaine culinaire Anne Martinetti, j'ai aussi écrit des livres collectifs, des promenades littéraires à Lausanne ou en Suisse romande, aussi un petit livre sur le poète Alexandre Voisard qui est un très grand poète de langue française et qui habite en Suisse romande, donc j'essaie comme ça de garder aussi une activité d'auteur et j'adorerais avoir encore plus de temps pour m'attaquer à une des mille idées de publications que j'ai.

-D'où tirez-vous votre inspiration et les stimules ?


-Quand on est journaliste, on est curieux de tout, quand j'étais petite on m'appelait Madame Pourquoi, j'ai toujours été curieuse de toutes sortes de sujets et quand on est journaliste ou quand on écrit des livres, finalement ça nous donne l'occasion de répondre à ces questions.
Je suis une immense lectrice, j'adore lire et lire des livres est une manière de voyager, est une manière de découvrir le monde, les autres, comment les autres vivent, se mettre dans la peau des personnages, qu'ils soient hommes, femmes, enfants, vieillards et la lecture est aussi une manière de répondre à des questions qu'on se pose.

-Que pouvez-vous partager sur la littérature suisse contemporaine et quelles tendances ou caractéristiques remarquables observez-vous dans la scène littéraire actuelle de la Suisse ?


-La littérature en Suisse romande est très vivante, vraiment la scène littéraire est très vivante, il y a des auteurs de toutes les générations qui écrivent, qui publient des romans, des essais, de la poésie, des livres de voyage, il y a aussi de multitude de maisons d'édition.
Ensuite il y a peu de maisons d'édition qui sont grandes, importantes et suffisamment puissantes pour être bien diffusées en France et être bien connues du grand public.
Auparavant, à Paris, être issu de Suisse romande était parfois considéré comme un désavantage, mais heureusement, les jeunes auteurs contemporains ne rencontrent plus ce souci. Ils écrivent en langue française, et que l'on soit Suisse, Français, Belge ou Québécois, cela n'est plus une question ; l'identité n'est plus confinée à une nationalité.


Donc il y a de très bons auteurs en suisse-romande, Elisa Chua du Sapin qui est une jeune autrice d'origine jurassienne qui est publiée aux éditions Zoé et qui depuis quelques années multiplie les prix et les récompenses internationales.
Joël Dicker évidemment, Joël Dicker qui est genevois et qui depuis l'affaire Harry Kéber, ça fait maintenant une quinzaine d'années qu'il écrit, vraiment explosé, est devenu une personnalité connue dans le monde entier et le succès de quelqu'un comme Joël Dicker fait beaucoup de bien aux auteurs de suisse-romande parce qu'évidemment ils se disent tous mais finalement il ouvre le champ des possibles, si lui l'a fait, moi peut-être que ça peut m'arriver.
Ensuite en suisse-romande les gens lisent beaucoup, ils aiment lire, il y a vraiment une culture du livre qui est importante, une culture de l'édition aussi, il y a voilà l'édition, la lecture, les bibliothèques, les librairies, tout ça c'est quelque chose qui est important en suisse-romande, j'espère que ça le restera longtemps et les gens lisent d'ailleurs que ce soit les livres imprimés ou des e-books et je dirais qu'aujourd'hui c'est quelque chose d'important, être écrivain symboliquement ça compte.
Ensuite par contre on ne peut pas en vivre c'est à dire que économiquement la suisse-romande est un petit marché comme on dit donc même si on vend des livres on n'en vend pas assez pour vivre donc les écrivains en suisse-romande ont tous une autre activité à côté, ça n'empêche pas qu'il y ait de nombreux festivals du livre, il y a le livre, le salon du livre de Genève, au printemps, en automne il y a un festival littéraire qui est le livre sur les quai à Morge et entre deux il y a des dizaines de festivals littéraires plus ou moins petits, plus ou moins grands et qui font que vraiment si on aime ce domaine là en suisse-romande on est vraiment servi.
Il y a une tendance qui est née il y a aussi une dizaine d'années c'est le polar en suisse-romande, quand on a eu cette grande vague du polar nordique qui a balayé tout le monde et l'Europe et bien les auteurs en suisse-romande se sont mis à écrire des polars qui se passent ici en suisse-romande avec beaucoup de succès et aujourd'hui les auteurs les plus connus et les plus populaires en suisse-romande ce sont des auteurs de polar, Nicolas Feucht, Marc Foltenauer par exemple ou Catherine Rolland, on pourrait citer comme ça une dizaine de noms d'hommes et de femmes qui sont des auteurs très populaires dans le genre polar et qui tous parlent de lieu en suisse-romande dans leur polar.

En considérant les grandes différences entre le suisse-romande et le suisse-alémanique, notamment sur le plan linguistique, pensez-vous que cela influence la perception d'une personne venant d'un pays où les distinctions linguistiques sont marquées ?


Oui clairement le pays c'est la langue, la suisse-romande regarde Paris et la France et la suisse-allémanique regarde l'Allemagne, Berlin et toutes les grandes villes allemandes.
Nous avons très peu d'artistes, de personnalités de la culture et ou d'écrivains même qui sont aussi connus en suisse-romande qu'en suisse-allémanique.
Vraiment je pense que je peux citer Martin Souter, Joël Dicker mais ce sont là les plus connus pour les auteurs vivants.
Ensuite il y a des auteurs morts comme Frédéric Durenmatt, Max Frisch, Fritz Zorn dans l'autre sens, Rameau qui ont traversé la frontière mais sinon il y a effectivement je pense un problème de circulation des oeuvres, de traduction et ensuite de popularité des personnalités de part et d'autre.
Mais je pense que sincèrement pour les gens le pays c'est la langue et moi-même j'en suis la première consciente, je me sens appartenir au pays de la langue française.
Une langue c'est toujours plus qu'un simple moyen de communiquer. Communication. Ça va de pair avec une forme, de manière d'organiser la pensée, une sensibilité..
Mais malheureusement, on ne peut pas vivre de sa plume en suisse romande. Et si on y arrive, c'est une exception. Mais non seulement, par tout, dans le monde c’est pas facile.

Mais ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, la génération des jeunes écrivains, qui aujourd'hui peut suivre une formation, on peut suivre. Il y a une haute école, l'Institut littéraire suisse, permet de se former en écriture.
Et aujourd'hui, les jeunes écrivains essayent de vivre de leur plume, mais en déclinant les activités d'écriture.
On ne vit pas des romans qu'on publie.
Si on vit de sa plume, on vit d'autres choses.
On vit de textes de commandes, on vit des droits de traduction, des droits d'adaptation, on vit des lectures que l'on donne, ou des débats auxquels on participe, s'ils sont effectivement payés, rémunérés.
Et aujourd'hui, il y a beaucoup de jeunes auteurs qui sont prêts à faire des concessions sur leur, disons sur leur, comment dire, qui sont prêts finalement à vivre avec moins, et donc à vivre peut-être en dépensant moins, mais pour tenter de vivre de leur plume.
Ce qui est possible lorsqu'on n'a pas de famille, ensuite, effectivement, on se trouve généralement à devoir chercher une activité à côté.
Mais on sort de ce modèle, qui était un modèle très rempandu du prof, de la personne qui est enseignant, professeur, et qui à côté écrit, ou qui attend la retraite pour écrire.

-La critique est-elle avant tout cruciale pour l'écrivain lui-même ou pour le public, notamment le lecteur ?

-La critique littéraire est importante autant pour les lecteurs que pour les écrivains.
Pour les écrivains, ils ont besoin d'un retour sur leur travail, ça c'est vital, qu'ils aillent au-delà du retour de leur éditeur.
Les auteurs ont un besoin vital, évidemment, qu'on parle d'eux, d'exister.
Si on écrit, qu'on publie, et que tout ça se fait dans une invisibilité totale, c'est très difficile à vivre.
Et ensuite, le public, devant la masse de livres qui paraît chaque semaine, chaque mois, il faut des prescripteurs, il faut des gens qui vous donnent des conseils de lecture, qui vous disent, si vous aimez tel type de livre, cette nouveauté va vous plaire.
En Suisse romande, il y a plusieurs types de prescripteurs, il y a les libraires, les bibliothécaires, il y a des gens qui ont des blogs de lecture en ligne, il y a les communautés de lecteurs sur différentes plateformes, et le critique littéraire est à la fois un prescripteur, mais il va aussi son travail, parce qu'il est un expert, parce que normalement il a vraiment des compétences
qui lui permettent aussi de mettre dans un contexte, il va aller au-delà de son simple avis.
Donc le critique littéraire est un prescripteur mais avec des spécificités qui sont différentes de celles, encore une fois, des autres prescripteurs de toute la chaîne du livre.
Donc il est utile critique littéraire autant pour la production littéraire que pour la, je dirais ensuite, la consommation littéraire.


-Et ma dernière question : on dit qu'il n'y a plus d'amour comme avant, est-ce que c'est vrai ?


-Oh l'amour est encore au coeur de tous les romans qui paraissent, peut-être qu'il se dit d'une autre manière, qu'on utilise des autres mots, peut-être qu'il est plus compliqué qu'avant parce que finalement dans l'amour aujourd'hui, lorsqu'on habite évidemment dans une société libre et qui donne tous les droits aux femmes et aux hommes, finalement on a tous les choix.
Donc plus on a le choix, on peut choisir sa vie et donc c'est encore plus compliqué.
Mais non, l'amour est au coeur d'une multitude de romans qui paraissent.
Je pense que c'est la grande affaire de la vie des auteurs et de la vie des hommes et des femmes en général.

Isabelle Falconier: Première femme à la tête du Club Suisse de la Presse
Genève, berceau des débats: Le rôle du Club Suisse de la Presse

Isabelle Falconier: entre la culture et les médias, une directrice passionnée

Merci pour votre invitation.
Je m'appelle Isabelle Falconier, je suis la directrice du Club Suisse de la Presse qui est basé à Genève.
Nous sommes même basés dans le domaine de pente qui est un très beau parc à Genève.
Le Club Suisse de la Presse a été fondé il y a presque 30 ans pour créer du lien entre les journalistes internationaux basés à Genève et la Genève internationale d'un côté et puis aussi avec le reste des journalistes partout en Suisse romande.

Nous accueillons des conférences de presse, des conférences grand public et nous organisons nous-mêmes des débats, des rencontres, des conférences dans deux domaines principalement. Tout ce qui touche à la Genève internationale, les droits humains, etc.
Et puis d'un autre côté, nous organisons des événements dans le domaine du journalisme et de la presse pour parler de l'avenir des médias et pour bien expliquer la profession de journaliste au grand public.
Par exemple, chaque automne nous organisons depuis quatre ans des assises de la presse justement pour mettre le doigt sur un sujet brûlant qui concerne le monde du journalisme principalement en Suisse romande.
Je suis la première femme directrice du Club de la Presse.
Donc déjà, ça j'en suis ravie.

J'ai donc travaillé pendant 20 ans dans un news magazine qui s'appelle l'Hebdo et je dirais que ma spécialité de base c'est le monde de la culture.
J'ai dirigé le Salon du Livre de Genève pendant plusieurs années et on peut aussi saluer le fait que le Club de la Presse ait choisi une personnalité comme moi qui vient du monde des médias et aussi de la culture pour diriger le Club de la Presse ce qui permet peut-être d'envisager nos activités de manière un petit peu différente que précédemment.
On constate un fossé et beaucoup d'incompréhension entre le public et la presse et les médias et une partie de mon activité consistera peut-être à combler ce fossé et à faire en sorte qu'on, non seulement on s'assure que la presse en Suisse romande est ailleurs dans le monde mais en tout cas en Suisse romande est un avenir et en plus que le public comprenne en quoi c'est très important d'avoir des journalistes et de permettre aux jeunes qui se forment aujourd'hui de pouvoir continuer à travailler dans les médias.
Donc il faut trouver aujourd'hui une nouvelle solution pour que les médias je dirais soient moins en difficulté économique et puis regagnent le capital confiance qu'ils ont auprès de certains publics perdus.


J'ai deux domaines qui mepassionne, c'est la culture d'un côté, la littérature, puis de l'autre le monde des médias.
J'ai toujours rêvé d'être journaliste, j'ai pu travailler pendant plus de 20 ans dans une rédaction passionnante, celle du news magazine Hebdo, et donc aujourd'hui je continue à servir de médiation. Je suis quelqu'un qui aime être comme une passeuse, une médiatrice, et là je le suis aujourd'hui entre le monde de la presse, des médias et le public, et je me sens parfaitement à ma place.


-Comment se fait la sélection des événements que vous racontez ? Est-ce vous qui choisissez les sujets à aborder, ou bien êtes-vous également sollicité par des organisations ou entreprises pour couvrir certains événements spécifiques ? De quelle manière s'articule le processus décisionnel entre les événements que vous organisez vous-même et ceux pour lesquels vous êtes sollicité ?


Absolument, nous avons ces deux fonctionnements en parallèle, c'est-à-dire que d'un côté nous avons des membres, des membres qui sont des membres individuels ou des membres collectifs.

Y a-t-il des limitations quant aux sujets que vous couvrez ? Par exemple, si quelqu'un souhaite exprimer des critiques envers le pouvoir, un gouvernement, des questions religieuses, ou des sujets sensibles, y a-t-il des restrictions ou des lignes directrices spécifiques que vous suivez dans votre couverture éditoriale ?


Effectivement, il peut arriver que nous refusions une demande en fonction des instances, des personnes ou des associations qui sollicitent notre couverture. Il est impératif que l'organisation qui nous sollicite soit préalablement en conformité avec la loi, tout comme la légalité de la thématique qu'elle propose doit également être assurée.
Nous faisons attention également à ne pas programmer ou à ouvrir le club de la presse à des organismes beaucoup trop polémiques.
Nous avons évidemment une ligne et une mission qui est celle de porter les valeurs de la Genève internationale, donc ce sont des valeurs de dialogue, d'humanisme, de recherche de solutions, et évidemment que nous ne pouvons pas tolérer des propos qui iraient à l'encontre de ces principes-là.

Et nous cherchons aussi à créer des débats où, si nous avons des intervenants qui sont peut-être trop polémiques, ou qui appartiennent à une association ou à un parti trop extrémiste, et bien à ce moment-là nous leur proposerons de venir débattre pour qu'il y ait débat d'idées et non pas, disons, communication unilatérale d'une idée qui serait, je dirais, indéfendable.


Si des propos positifs et constructifs envers le gouvernement, par exemple envers le Berne actuellement au pouvoir, sont exprimés, est-ce que le gouvernement réagit de manière favorable ? Y a-t-il un intérêt manifeste à recevoir et écouter des messages positifs pour favoriser l'apprentissage et l'amélioration de ses actions ?


Alors, tout dépend si le message le réadresse directement, si c'est un appel au gouvernement.
À ce moment-là, peut-être que nous allons aussi proposer au gouvernement de réagir directement.

S'il y a une volonté de communication politique directe envers Berne, à ce moment-là, ils vont s'adresser à la représentation, à notre ambassadeur suisse ici, en représentation aux Nations Unies, sans forcément, vous voyez, passer par la voie discrète, bilatérale, sans forcément faire un appel public.

En Suisse romande, nous avons une presse qui, même si elle connaît des difficultés économiques, reste d'une immense qualité, d'une très grande richesse.

-En ce qui concerne les opinions critiques émises à l'égard de pays étrangers tels que les États-Unis ou la Russie, est-ce que votre plateforme accueille favorablement ces expressions, même lorsqu'elles proviennent d'activistes ou de personnes exprimant des critiques constructives à l'égard de ces nations ? Y a-t-il une volonté d'encourager un dialogue ouvert et diversifié sur des sujets internationaux ?


Nous attendons toujours, nous n'avons pas de règles, ne serait-ce que parce que la situation géopolitique évolue constamment.
Donc évidemment que suivant les crises politiques ou les conflits qui éclatent d'un bout à l'autre de la planète, notre réponse à des sollicitations venant de certains pays ou de certaines associations de droits de l'homme peut varier suivant la situation géopolitique.
Parce que nous sommes conscients que qui dit communication dit évidemment influence, voire manipulations.
Donc peut-être qu'une conférence de presse qui tombe bien à un moment donné, un mois après, suivant les conflits, nous allons nous montrer beaucoup plus prudents.
Nous souhaitons donner la parole à tout le monde, mais rester malgré tout, je dirais, le plus neutre et mesuré possible.
Donc évidemment que nous demandons toujours aux organismes, aux associations qui nous sollicitent pour organiser une conférence de presse, de quoi veulent-ils parler, qui parle, qui va prendre la parole.
Nous exigeons toujours que les prises de parole se fassent en français ou en anglais, au moins français-anglais, pas d'autres langues comme ça.

Et ensuite nous disons oui, vous pouvez venir faire votre conférence de presse ou non.
Il est arrivé que nous recevions des réactions ensuite de la représentation officielle du pays ici, en regrettant que nous ayons donné la parole à tel et tel groupe de défense des droits de l'homme, ou inversement évidemment, puisqu'à Genève, nous avons tout le monde à Genève, il y a autant les instances de les ONG qui luttent pour les droits de l'homme que les représentations officielles de pays qui eux-mêmes sont accusés régulièrement de violations de droits de l'homme.
Donc nous tâchons au Club de la presse de trouver un équilibre, nous trouver à mi-chemin entre les uns et les autres, en donnant encore une fois la parole à tout le monde, si possible, dans la limite de l'égalité, et en donnant si possible au public les clés pour comprendre la situation.
Le Club de la presse s'adresse aux journalistes, les journalistes ont besoin d'avoir les éléments de tous les côtés, le plus d'éléments divergents à disposition pour ensuite permettre leur propre analyse.
Pour être membre du Club suisse de la presse, c'est pas cher, c'est soit 20 francs ou 30 francs suivant si on est journaliste ou pas journaliste, et ensuite on peut être membre collectif et ça coûte à peu près 670 francs par année, et lorsqu'on est membre collectif, donc avec ces 670 francs par année, on peut utiliser les services du Club de la presse une fois par année pour faire une conférence ou une conférence de presse ou un événement d'ailleurs privé, il arrive que les membres collectifs viennent chez nous mais pour quelque chose qui est interne et qui n'est pas public, simplement nous avons nos deux salles espaces à disposition et les personnes qui sont membres peuvent venir investir nos espaces aussi pour des événements qui ne sont pas destinés au public, c'est une possibilité.

Pour les journalistes, nous leur demandons évidemment leur carte de presse etc. Il n'y a pas besoin d'être membre du Club de la presse si on est médias, pour venir assister à tout, les journalistes ont accès librement à tout.
Ensuite, lorsqu'on est membre, il y a quelques petits avantages, on reçoit tous les deux ou trois ans nos publis en annuaire des médias de Suisse, où nous faisons quelques événements de type événements conviviaux, un apéritif de la rentrée, des choses comme ça qui sont réservées aux membres.


Quels sont les besoins actuels du Club suisse de la presse, que ce soit en termes d'infrastructures telles que l'agrandissement de la salle, ou d'autres aspects nécessitant une attention particulière ?


Le club suisse de la presse est constamment à la recherche, à la fois de membres, à la fois de soutien de toutes sortes, et puis nous sommes évidemment constamment à la recherche de propositions, de collaborations, nous cherchons à garder notre cercle, notre communauté vivante et active, et ça c'est évidemment un effort constant parce que, que ce soit les membres individuels, les membres médias, les ONG, c'est un monde constamment mouvant.
Il y a des ONG, sans cesse des nouvelles ONG, le personnel de la Genève internationale reste à Genève 2, 3, 4 ans dans les missions et après ils partent, donc disons que c'est un effort constant de s'assurer que nous avons assez de membres, que nous avons suffisamment, une communauté suffisamment grande de personnes qui font appel à nos services, que nous avons un public qui nous suit, le club de la presse ayant déménagé de la Villa La Pastorale au domaine de Pente il y a à peu près une année et demie, évidemment il y a aussi à reconquérir le public, d'autant plus que, suite à la période Covid, évidemment, je dirais le public parfois a de la peine à retrouver le chemin des événements, de sortir, d'assister à des événements présentiels, donc ça c'est aussi je dirais un travail constant d'avoir un beau public qui vous suit.
Donc nous sommes à la recherche aussi, c'est une association privée, nous devons trouver les moyens de vivre, nous sommes quatre collaborateurs tous à temps partiel, mais évidemment qu'il faut faire tourner cette petite entreprise, nous avons un soutien du canton de Genève justement pour les services que nous offrons à la communauté de la Genève internationale, mais c'est un soutien qui, je dirais, heureusement qui nous aide de manière importante, mais qui ne couvre de loin pas l'entier du budget nécessaire à l'exploitation du club de la presse.

-Selon votre observation, existe-t-il des domaines ou sujets que les médias suisses ne couvrent pas suffisamment ? Par exemple, auriez-vous remarqué des lacunes dans la couverture médiatique sur un sujet particulier que vous pourriez vouloir aborder ?


Aujourd'hui encore, je trouve que les médias suisses très bons dans tous les domaines, et j'espère que les conditions économiques difficiles auxquelles ils font face actuellement ne compromettront pas les qualités d'enquête, de reportage et d'analyse dont font preuve les médias suisses, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.
Ensuite, là, on sait qu'ils participent à tous les grands consortiums d'enquête, d'investigation et d'enquête au monde, dans toutes ces liques, ces fuites de données.
Évidemment que nous avons des médias suisses et des groupes de presse suisse qui en font partie.
Par contre, les journalistes aujourd'hui ont, par exemple, en Suisse, tout ce qui concerne le secret bancaire, par exemple.
Paradoxalement, les médias suisses, disons les banques, sont protégées par un article de loi qui, aujourd'hui, fait que les médias suisses ont encore de la peine à pouvoir sortir les données qui concerneraient le secret bancaire en lien avec les banques suisses.
Mais sinon, je pense que les médias suisses n'hésitent pas, d'ailleurs, à critiquer l'action de leurs propres groupes.
il y a une très grande liberté de parole et d'expression en Suisse par rapport aux actions, que ce soit des gouvernements cantonaux ou du gouvernement fédéral, et puis que la politique internationale est bien suivie en Suisse.
Et ceci s'explique, je pense, en grande partie parce que justement, lorsqu'on est en Suisse romande, et bien on a Genève, et qu'à Genève nous avons accès au monde entier, et qu'une très grande décision concernant le monde sont prises ici à Genève, donc forcément lorsqu'on est journaliste suisse, on développe naturellement un intérêt très poussé pour les questions de géopolitique internationale.


-Suivant cette question, avez-vous des observations ou des commentaires à partager spécifiquement sur les journalistes eux-mêmes ? Par exemple, si certains journalistes montrent de l'indifférence à l'égard de certains sujets, comme le fait de ne pas assister à des invitations, avez-vous des remarques à ce sujet ?

-Si les journalistes ne viennent pas, c'est généralement faute de temps.
La difficulté de lancer des invitations aux journalistes, c'est qu'aujourd'hui les journalistes sont de plus en plus surchargés, ils sont de moins en moins, et qu'aujourd'hui il y a une immense sollicitation envers la presse, ici à Genève ou ailleurs en Suisse romande, tout le monde veut parler aux journalistes.
Tout le monde, vraiment.
Toutes les entreprises, toutes les associations, toutes les communautés, toutes les agences internationales veulent parler aux journalistes, et les journalistes évidemment ne peuvent pas tout traiter.
Donc la difficulté, ou je dirais que la complexité, c'est d'établir une bonne relation avec certains journalistes dans certains domaines, et puis de savoir qui s'intéresse à quoi, et de choisir le bon agenda en quelque sorte, le bon moment pour sortir certains thèmes.
Ensuite non, les journalistes s'ils ne viennent pas, ce n'est pas par désintérêt du sujet, c'est vraiment parce que soit ce n'est pas dans l'actualité, effectivement aujourd'hui l'actualité est prioritaire dans tous les médias, s'il n'y a pas une news, une information, une annonce, c'est effectivement très difficile d'amener un sujet qui n'est pas déjà à l'agenda.
Donc nous, au club de la presse, nous essayons de proposer des débats qui font écho justement à l'actualité, que ce soit aux thématiques qui sont traitées lors des sessions des droits humains, ou à d'autres agendas des agences venusiennes, en termes de santé, d'économie, d'intelligence artificielle, ou évidemment si les gens nous sollicitent pour une conférence de presse, bien leur expliquer qu'il faut qu'il y ait une annonce, quelque chose qui soit suffisamment actuel pour intéresser et faire se déplacer les journalistes.


Si le classement annuel de "Reporters sans frontières" place la Suisse aux alentours de la dixième position, ce qui la positionne parmi les pays nordiques toujours en avance, en quoi pensez-vous que les médias suisses pourraient encore présenter des lacunes en matière de liberté d'expression?


-Ça peut tenir à des détails, il y a davantage en Suisse, aujourd'hui en Suisse on n'hésite plus à porter plainte contre des journalistes, et à utiliser le droit à interdire la publication d'un article, ces fameuses mesures provisionnelles sont très vite, je dirais, activées par une personne qui se sentirait attaquée par un article, et donc ça c'est un objet de lutte des personnes qui luttent dans le domaine du droit des médias en Suisse, effectivement s'assurer que ces fameuses mesures provisionnelles ne soient pas activées trop vite, et qu'on puisse publier les articles, quitte ensuite évidemment à publier des droits de réponse, mais au moins que les articles puissent sortir, et il y a aussi certaines techniques plus précises comme par exemple tout ce qui est caméras cachées, il y a eu des procès très importants en Suisse mais qui font qu'encore aujourd'hui certaines techniques dont comme justement les caméras cachées ou le journalisme undercover comme on ditest plus restrictif en Suisse que dans certains pays, comme dans certains pays nordiques.
Donc je dirais que c'est principalement dû à l'arsenal législatif que la Suisse n'est pas, je dirais, dans le trio de têtes.
Mais être à peu près dixième sur plus de 140 pays exercer le métier de journaliste en Suisse reste quelque chose de relativement confortable, évidemment par rapport à d'autres pays à l'international.


-Oserais-je poser une autre question : comment se situe la rémunération des journalistes en Suisse comparée à celle des journalistes et écrivains dans les pays de l'ex-Union soviétique, où souvent ces professions connaissent des conditions financières plus modestes ?


-Les journalistes suisse gagnent de moins en moins bien leur vie. Clairement, les salaires ont baissé.
La plupart des conventions de tarifs qui étaient encore appliquées ne sont plus appliquées par les médias eux-mêmes.
Donc aujourd'hui, on peut dire que le journalisme n'est plus une profession attractive d'un point de vue salarial.
On peut aussi ajouter que les rédactions licencient beaucoup de journalistes.
Par conséquent, de nombreux journalistes choisissent de travailler en indépendant, en collaborateur extérieur, en pigiste.
Et là, les conditions sont déplorables.
Les collaborations extérieures sont mal payées, de plus en plus mal payées, et donc pour tourner aujourd'hui, un journaliste qui se lancerait en indépendant doit effectivement soit travailler non-stop, soit avoir une autre activité à côté.
Et donc clairement, on peut presque dire que le métier de journaliste en Suisse est en voie de précarisation et risque de ne plus attirer des gens qui ont fait des études, par exemple, de droit ou d'économie ou des études scientifiques.
Aujourd'hui, nous aurions besoin de journalistes qui sont bien formés dans ces domaines-là.
Or, clairement, le métier de journaliste ne va plus être suffisamment attractif pour ces personnes qui pourraient trouver, grâce à leur formation, des métiers bien plus incitatifs d'un point de vue financier.

-Comment définiriez-vous, par exemple, la crise des médias selon votre perspective personnelle ?


-La crise des médias en Suisse est la même que celle dans les autres pays occidentaux, c'est-à-dire que l'équilibre entre les recettes venant de la publicité et des lecteurs, cet équilibre-là s'est complètement rompu, à la fois parce que la publicité ne vient plus dans les médias mais va dans les réseaux sociaux, et d'autre part parce que le public a, hélas, pris l'habitude de ne pas payer pour l'information.
Et aujourd'hui, ce qui est urgent, c'est de faire comprendre au public que s'il souhaite avoir des informations fiables, s'il souhaite lire des informations intéressantes, des reportages, des enquêtes, s'il souhaite admirer les journalistes, s'il souhaite leur faire confiance, ce travail-là doit pouvoir être payé.
Et que donc, en tant que consommateur, comme on achète son pain, il faut qu'on comprenne que l'information elle-même ne peut pas tomber du ciel gratuitement, et que les réseaux sociaux ne sont qu'un tuyau.
Le contenu doit venir d'un être humain si possible, et pas d'une intelligence artificielle.
Et puis, il faut que les groupes de presse investissent dans les médias et qu'ils ne capitalisent et qu'ils ne captent pas les ressources qui viennent de la publicité pour en faire autre chose.
Et ensuite, il faut que les structures journalistiques indépendantes qui se créent, qui aujourd'hui sont en grande partie l'avenir du journalisme, trouvent un chemin dans la jungle des modèles économiques possibles aujourd'hui.
On voit beaucoup de crowdfunding.
C'est une solution, mais seule, ça ne servira à rien.
Aujourd'hui, les communautés publiques, les états, les cantons, ont envie d'une solution de s'investir pour garantir un journalisme de qualité mais tous cherchent une manière de le faire, quel financement direct ou indirect voilà donc ce que j'espère c'est effectivement que l'économie des médias je dirais perdura enfin trouvera une solution pour permettre aux métiers de perdurer.


-Pouvons-nous aborder le sujet de la littérature maintenant que nous avons évoqué votre expérience en tant qu'autrice et critique littéraire ? Auparavant, peut-être écriviez-vous abondamment, mais avec vos responsabilités actuelles qui exigent une constante activité, ressentez-vous un manque pour l'écriture ?


-J'ai toujours cherché à garder un lien avec ma passion de toujours qui est le monde des livres, la littérature, j'ai commencé le journalisme en étant critique littéraire ensuite j'ai fait beaucoup d'autres choses dans le monde du journalisme j'ai été chef de différentes rubriques, sociétés, culture en général, j'ai été rédactrice en chef adjointe du magazine Lebdo et donc et aujourd'hui j'ai gardé un lien avec à la fois l'écriture et la littérature puisque j'écris pour le journal dominical « Le matin dimanche » donc sur des livres, la littérature et en parallèle j'essaye effectivement de garder enfin d'écrire des livres de journaliste c'est à dire que j'écris des livres par exemple sur le Léman, le lac dans lequel ici à Genève nous baignons donc j'écris un petit livre sur le lac Léman, un autre sur le Montana, l'état américain du Montana, je suis passionnée par ce qu'on appelle le nature writing incarné par des auteurs comme Jim Harrison, j'ai aussi écrit un livre sur Heidi parce que l'histoire de Heidi, cette petite fille des montagnes devenue une icône universelle connue dans le monde entier son histoire est passionnante, ça va bien au delà d'une simple histoire pour enfants et c'est même un livre en fait qui est un livre à la fois qui raconte l'histoire de Heidi mais c'est un livre de cuisine et on donne des recettes, c'est un livre que j'ai écrit avec une amie écrivaine culinaire Anne Martinetti, j'ai aussi écrit des livres collectifs, des promenades littéraires à Lausanne ou en Suisse romande, aussi un petit livre sur le poète Alexandre Voisard qui est un très grand poète de langue française et qui habite en Suisse romande, donc j'essaie comme ça de garder aussi une activité d'auteur et j'adorerais avoir encore plus de temps pour m'attaquer à une des mille idées de publications que j'ai.

-D'où tirez-vous votre inspiration et les stimules ?


-Quand on est journaliste, on est curieux de tout, quand j'étais petite on m'appelait Madame Pourquoi, j'ai toujours été curieuse de toutes sortes de sujets et quand on est journaliste ou quand on écrit des livres, finalement ça nous donne l'occasion de répondre à ces questions.
Je suis une immense lectrice, j'adore lire et lire des livres est une manière de voyager, est une manière de découvrir le monde, les autres, comment les autres vivent, se mettre dans la peau des personnages, qu'ils soient hommes, femmes, enfants, vieillards et la lecture est aussi une manière de répondre à des questions qu'on se pose.

-Que pouvez-vous partager sur la littérature suisse contemporaine et quelles tendances ou caractéristiques remarquables observez-vous dans la scène littéraire actuelle de la Suisse ?


-La littérature en Suisse romande est très vivante, vraiment la scène littéraire est très vivante, il y a des auteurs de toutes les générations qui écrivent, qui publient des romans, des essais, de la poésie, des livres de voyage, il y a aussi de multitude de maisons d'édition.
Ensuite il y a peu de maisons d'édition qui sont grandes, importantes et suffisamment puissantes pour être bien diffusées en France et être bien connues du grand public.
Auparavant, à Paris, être issu de Suisse romande était parfois considéré comme un désavantage, mais heureusement, les jeunes auteurs contemporains ne rencontrent plus ce souci. Ils écrivent en langue française, et que l'on soit Suisse, Français, Belge ou Québécois, cela n'est plus une question ; l'identité n'est plus confinée à une nationalité.


Donc il y a de très bons auteurs en suisse-romande, Elisa Chua du Sapin qui est une jeune autrice d'origine jurassienne qui est publiée aux éditions Zoé et qui depuis quelques années multiplie les prix et les récompenses internationales.
Joël Dicker évidemment, Joël Dicker qui est genevois et qui depuis l'affaire Harry Kéber, ça fait maintenant une quinzaine d'années qu'il écrit, vraiment explosé, est devenu une personnalité connue dans le monde entier et le succès de quelqu'un comme Joël Dicker fait beaucoup de bien aux auteurs de suisse-romande parce qu'évidemment ils se disent tous mais finalement il ouvre le champ des possibles, si lui l'a fait, moi peut-être que ça peut m'arriver.
Ensuite en suisse-romande les gens lisent beaucoup, ils aiment lire, il y a vraiment une culture du livre qui est importante, une culture de l'édition aussi, il y a voilà l'édition, la lecture, les bibliothèques, les librairies, tout ça c'est quelque chose qui est important en suisse-romande, j'espère que ça le restera longtemps et les gens lisent d'ailleurs que ce soit les livres imprimés ou des e-books et je dirais qu'aujourd'hui c'est quelque chose d'important, être écrivain symboliquement ça compte.
Ensuite par contre on ne peut pas en vivre c'est à dire que économiquement la suisse-romande est un petit marché comme on dit donc même si on vend des livres on n'en vend pas assez pour vivre donc les écrivains en suisse-romande ont tous une autre activité à côté, ça n'empêche pas qu'il y ait de nombreux festivals du livre, il y a le livre, le salon du livre de Genève, au printemps, en automne il y a un festival littéraire qui est le livre sur les quai à Morge et entre deux il y a des dizaines de festivals littéraires plus ou moins petits, plus ou moins grands et qui font que vraiment si on aime ce domaine là en suisse-romande on est vraiment servi.
Il y a une tendance qui est née il y a aussi une dizaine d'années c'est le polar en suisse-romande, quand on a eu cette grande vague du polar nordique qui a balayé tout le monde et l'Europe et bien les auteurs en suisse-romande se sont mis à écrire des polars qui se passent ici en suisse-romande avec beaucoup de succès et aujourd'hui les auteurs les plus connus et les plus populaires en suisse-romande ce sont des auteurs de polar, Nicolas Feucht, Marc Foltenauer par exemple ou Catherine Rolland, on pourrait citer comme ça une dizaine de noms d'hommes et de femmes qui sont des auteurs très populaires dans le genre polar et qui tous parlent de lieu en suisse-romande dans leur polar.

En considérant les grandes différences entre le suisse-romande et le suisse-alémanique, notamment sur le plan linguistique, pensez-vous que cela influence la perception d'une personne venant d'un pays où les distinctions linguistiques sont marquées ?


Oui clairement le pays c'est la langue, la suisse-romande regarde Paris et la France et la suisse-allémanique regarde l'Allemagne, Berlin et toutes les grandes villes allemandes.
Nous avons très peu d'artistes, de personnalités de la culture et ou d'écrivains même qui sont aussi connus en suisse-romande qu'en suisse-allémanique.
Vraiment je pense que je peux citer Martin Souter, Joël Dicker mais ce sont là les plus connus pour les auteurs vivants.
Ensuite il y a des auteurs morts comme Frédéric Durenmatt, Max Frisch, Fritz Zorn dans l'autre sens, Rameau qui ont traversé la frontière mais sinon il y a effectivement je pense un problème de circulation des oeuvres, de traduction et ensuite de popularité des personnalités de part et d'autre.
Mais je pense que sincèrement pour les gens le pays c'est la langue et moi-même j'en suis la première consciente, je me sens appartenir au pays de la langue française.
Une langue c'est toujours plus qu'un simple moyen de communiquer. Communication. Ça va de pair avec une forme, de manière d'organiser la pensée, une sensibilité..
Mais malheureusement, on ne peut pas vivre de sa plume en suisse romande. Et si on y arrive, c'est une exception. Mais non seulement, par tout, dans le monde c’est pas facile.

Mais ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, la génération des jeunes écrivains, qui aujourd'hui peut suivre une formation, on peut suivre. Il y a une haute école, l'Institut littéraire suisse, permet de se former en écriture.
Et aujourd'hui, les jeunes écrivains essayent de vivre de leur plume, mais en déclinant les activités d'écriture.
On ne vit pas des romans qu'on publie.
Si on vit de sa plume, on vit d'autres choses.
On vit de textes de commandes, on vit des droits de traduction, des droits d'adaptation, on vit des lectures que l'on donne, ou des débats auxquels on participe, s'ils sont effectivement payés, rémunérés.
Et aujourd'hui, il y a beaucoup de jeunes auteurs qui sont prêts à faire des concessions sur leur, disons sur leur, comment dire, qui sont prêts finalement à vivre avec moins, et donc à vivre peut-être en dépensant moins, mais pour tenter de vivre de leur plume.
Ce qui est possible lorsqu'on n'a pas de famille, ensuite, effectivement, on se trouve généralement à devoir chercher une activité à côté.
Mais on sort de ce modèle, qui était un modèle très rempandu du prof, de la personne qui est enseignant, professeur, et qui à côté écrit, ou qui attend la retraite pour écrire.

-La critique est-elle avant tout cruciale pour l'écrivain lui-même ou pour le public, notamment le lecteur ?

-La critique littéraire est importante autant pour les lecteurs que pour les écrivains.
Pour les écrivains, ils ont besoin d'un retour sur leur travail, ça c'est vital, qu'ils aillent au-delà du retour de leur éditeur.
Les auteurs ont un besoin vital, évidemment, qu'on parle d'eux, d'exister.
Si on écrit, qu'on publie, et que tout ça se fait dans une invisibilité totale, c'est très difficile à vivre.
Et ensuite, le public, devant la masse de livres qui paraît chaque semaine, chaque mois, il faut des prescripteurs, il faut des gens qui vous donnent des conseils de lecture, qui vous disent, si vous aimez tel type de livre, cette nouveauté va vous plaire.
En Suisse romande, il y a plusieurs types de prescripteurs, il y a les libraires, les bibliothécaires, il y a des gens qui ont des blogs de lecture en ligne, il y a les communautés de lecteurs sur différentes plateformes, et le critique littéraire est à la fois un prescripteur, mais il va aussi son travail, parce qu'il est un expert, parce que normalement il a vraiment des compétences
qui lui permettent aussi de mettre dans un contexte, il va aller au-delà de son simple avis.
Donc le critique littéraire est un prescripteur mais avec des spécificités qui sont différentes de celles, encore une fois, des autres prescripteurs de toute la chaîne du livre.
Donc il est utile critique littéraire autant pour la production littéraire que pour la, je dirais ensuite, la consommation littéraire.


-Et ma dernière question : on dit qu'il n'y a plus d'amour comme avant, est-ce que c'est vrai ?


-Oh l'amour est encore au coeur de tous les romans qui paraissent, peut-être qu'il se dit d'une autre manière, qu'on utilise des autres mots, peut-être qu'il est plus compliqué qu'avant parce que finalement dans l'amour aujourd'hui, lorsqu'on habite évidemment dans une société libre et qui donne tous les droits aux femmes et aux hommes, finalement on a tous les choix.
Donc plus on a le choix, on peut choisir sa vie et donc c'est encore plus compliqué.
Mais non, l'amour est au coeur d'une multitude de romans qui paraissent.
Je pense que c'est la grande affaire de la vie des auteurs et de la vie des hommes et des femmes en général.

Isabelle Falconier: Première femme à la tête du Club Suisse de la Presse
Genève, berceau des débats: Le rôle du Club Suisse de la Presse

Isabelle Falconier: entre la culture et les médias, une directrice passionnée

Merci pour votre invitation.
Je m'appelle Isabelle Falconier, je suis la directrice du Club Suisse de la Presse qui est basé à Genève.
Nous sommes même basés dans le domaine de pente qui est un très beau parc à Genève.
Le Club Suisse de la Presse a été fondé il y a presque 30 ans pour créer du lien entre les journalistes internationaux basés à Genève et la Genève internationale d'un côté et puis aussi avec le reste des journalistes partout en Suisse romande.

Nous accueillons des conférences de presse, des conférences grand public et nous organisons nous-mêmes des débats, des rencontres, des conférences dans deux domaines principalement. Tout ce qui touche à la Genève internationale, les droits humains, etc.
Et puis d'un autre côté, nous organisons des événements dans le domaine du journalisme et de la presse pour parler de l'avenir des médias et pour bien expliquer la profession de journaliste au grand public.
Par exemple, chaque automne nous organisons depuis quatre ans des assises de la presse justement pour mettre le doigt sur un sujet brûlant qui concerne le monde du journalisme principalement en Suisse romande.
Je suis la première femme directrice du Club de la Presse.
Donc déjà, ça j'en suis ravie.

J'ai donc travaillé pendant 20 ans dans un news magazine qui s'appelle l'Hebdo et je dirais que ma spécialité de base c'est le monde de la culture.
J'ai dirigé le Salon du Livre de Genève pendant plusieurs années et on peut aussi saluer le fait que le Club de la Presse ait choisi une personnalité comme moi qui vient du monde des médias et aussi de la culture pour diriger le Club de la Presse ce qui permet peut-être d'envisager nos activités de manière un petit peu différente que précédemment.
On constate un fossé et beaucoup d'incompréhension entre le public et la presse et les médias et une partie de mon activité consistera peut-être à combler ce fossé et à faire en sorte qu'on, non seulement on s'assure que la presse en Suisse romande est ailleurs dans le monde mais en tout cas en Suisse romande est un avenir et en plus que le public comprenne en quoi c'est très important d'avoir des journalistes et de permettre aux jeunes qui se forment aujourd'hui de pouvoir continuer à travailler dans les médias.
Donc il faut trouver aujourd'hui une nouvelle solution pour que les médias je dirais soient moins en difficulté économique et puis regagnent le capital confiance qu'ils ont auprès de certains publics perdus.


J'ai deux domaines qui mepassionne, c'est la culture d'un côté, la littérature, puis de l'autre le monde des médias.
J'ai toujours rêvé d'être journaliste, j'ai pu travailler pendant plus de 20 ans dans une rédaction passionnante, celle du news magazine Hebdo, et donc aujourd'hui je continue à servir de médiation. Je suis quelqu'un qui aime être comme une passeuse, une médiatrice, et là je le suis aujourd'hui entre le monde de la presse, des médias et le public, et je me sens parfaitement à ma place.


-Comment se fait la sélection des événements que vous racontez ? Est-ce vous qui choisissez les sujets à aborder, ou bien êtes-vous également sollicité par des organisations ou entreprises pour couvrir certains événements spécifiques ? De quelle manière s'articule le processus décisionnel entre les événements que vous organisez vous-même et ceux pour lesquels vous êtes sollicité ?


Absolument, nous avons ces deux fonctionnements en parallèle, c'est-à-dire que d'un côté nous avons des membres, des membres qui sont des membres individuels ou des membres collectifs.

Y a-t-il des limitations quant aux sujets que vous couvrez ? Par exemple, si quelqu'un souhaite exprimer des critiques envers le pouvoir, un gouvernement, des questions religieuses, ou des sujets sensibles, y a-t-il des restrictions ou des lignes directrices spécifiques que vous suivez dans votre couverture éditoriale ?


Effectivement, il peut arriver que nous refusions une demande en fonction des instances, des personnes ou des associations qui sollicitent notre couverture. Il est impératif que l'organisation qui nous sollicite soit préalablement en conformité avec la loi, tout comme la légalité de la thématique qu'elle propose doit également être assurée.
Nous faisons attention également à ne pas programmer ou à ouvrir le club de la presse à des organismes beaucoup trop polémiques.
Nous avons évidemment une ligne et une mission qui est celle de porter les valeurs de la Genève internationale, donc ce sont des valeurs de dialogue, d'humanisme, de recherche de solutions, et évidemment que nous ne pouvons pas tolérer des propos qui iraient à l'encontre de ces principes-là.

Et nous cherchons aussi à créer des débats où, si nous avons des intervenants qui sont peut-être trop polémiques, ou qui appartiennent à une association ou à un parti trop extrémiste, et bien à ce moment-là nous leur proposerons de venir débattre pour qu'il y ait débat d'idées et non pas, disons, communication unilatérale d'une idée qui serait, je dirais, indéfendable.


Si des propos positifs et constructifs envers le gouvernement, par exemple envers le Berne actuellement au pouvoir, sont exprimés, est-ce que le gouvernement réagit de manière favorable ? Y a-t-il un intérêt manifeste à recevoir et écouter des messages positifs pour favoriser l'apprentissage et l'amélioration de ses actions ?


Alors, tout dépend si le message le réadresse directement, si c'est un appel au gouvernement.
À ce moment-là, peut-être que nous allons aussi proposer au gouvernement de réagir directement.

S'il y a une volonté de communication politique directe envers Berne, à ce moment-là, ils vont s'adresser à la représentation, à notre ambassadeur suisse ici, en représentation aux Nations Unies, sans forcément, vous voyez, passer par la voie discrète, bilatérale, sans forcément faire un appel public.

En Suisse romande, nous avons une presse qui, même si elle connaît des difficultés économiques, reste d'une immense qualité, d'une très grande richesse.

-En ce qui concerne les opinions critiques émises à l'égard de pays étrangers tels que les États-Unis ou la Russie, est-ce que votre plateforme accueille favorablement ces expressions, même lorsqu'elles proviennent d'activistes ou de personnes exprimant des critiques constructives à l'égard de ces nations ? Y a-t-il une volonté d'encourager un dialogue ouvert et diversifié sur des sujets internationaux ?


Nous attendons toujours, nous n'avons pas de règles, ne serait-ce que parce que la situation géopolitique évolue constamment.
Donc évidemment que suivant les crises politiques ou les conflits qui éclatent d'un bout à l'autre de la planète, notre réponse à des sollicitations venant de certains pays ou de certaines associations de droits de l'homme peut varier suivant la situation géopolitique.
Parce que nous sommes conscients que qui dit communication dit évidemment influence, voire manipulations.
Donc peut-être qu'une conférence de presse qui tombe bien à un moment donné, un mois après, suivant les conflits, nous allons nous montrer beaucoup plus prudents.
Nous souhaitons donner la parole à tout le monde, mais rester malgré tout, je dirais, le plus neutre et mesuré possible.
Donc évidemment que nous demandons toujours aux organismes, aux associations qui nous sollicitent pour organiser une conférence de presse, de quoi veulent-ils parler, qui parle, qui va prendre la parole.
Nous exigeons toujours que les prises de parole se fassent en français ou en anglais, au moins français-anglais, pas d'autres langues comme ça.

Et ensuite nous disons oui, vous pouvez venir faire votre conférence de presse ou non.
Il est arrivé que nous recevions des réactions ensuite de la représentation officielle du pays ici, en regrettant que nous ayons donné la parole à tel et tel groupe de défense des droits de l'homme, ou inversement évidemment, puisqu'à Genève, nous avons tout le monde à Genève, il y a autant les instances de les ONG qui luttent pour les droits de l'homme que les représentations officielles de pays qui eux-mêmes sont accusés régulièrement de violations de droits de l'homme.
Donc nous tâchons au Club de la presse de trouver un équilibre, nous trouver à mi-chemin entre les uns et les autres, en donnant encore une fois la parole à tout le monde, si possible, dans la limite de l'égalité, et en donnant si possible au public les clés pour comprendre la situation.
Le Club de la presse s'adresse aux journalistes, les journalistes ont besoin d'avoir les éléments de tous les côtés, le plus d'éléments divergents à disposition pour ensuite permettre leur propre analyse.
Pour être membre du Club suisse de la presse, c'est pas cher, c'est soit 20 francs ou 30 francs suivant si on est journaliste ou pas journaliste, et ensuite on peut être membre collectif et ça coûte à peu près 670 francs par année, et lorsqu'on est membre collectif, donc avec ces 670 francs par année, on peut utiliser les services du Club de la presse une fois par année pour faire une conférence ou une conférence de presse ou un événement d'ailleurs privé, il arrive que les membres collectifs viennent chez nous mais pour quelque chose qui est interne et qui n'est pas public, simplement nous avons nos deux salles espaces à disposition et les personnes qui sont membres peuvent venir investir nos espaces aussi pour des événements qui ne sont pas destinés au public, c'est une possibilité.

Pour les journalistes, nous leur demandons évidemment leur carte de presse etc. Il n'y a pas besoin d'être membre du Club de la presse si on est médias, pour venir assister à tout, les journalistes ont accès librement à tout.
Ensuite, lorsqu'on est membre, il y a quelques petits avantages, on reçoit tous les deux ou trois ans nos publis en annuaire des médias de Suisse, où nous faisons quelques événements de type événements conviviaux, un apéritif de la rentrée, des choses comme ça qui sont réservées aux membres.


Quels sont les besoins actuels du Club suisse de la presse, que ce soit en termes d'infrastructures telles que l'agrandissement de la salle, ou d'autres aspects nécessitant une attention particulière ?


Le club suisse de la presse est constamment à la recherche, à la fois de membres, à la fois de soutien de toutes sortes, et puis nous sommes évidemment constamment à la recherche de propositions, de collaborations, nous cherchons à garder notre cercle, notre communauté vivante et active, et ça c'est évidemment un effort constant parce que, que ce soit les membres individuels, les membres médias, les ONG, c'est un monde constamment mouvant.
Il y a des ONG, sans cesse des nouvelles ONG, le personnel de la Genève internationale reste à Genève 2, 3, 4 ans dans les missions et après ils partent, donc disons que c'est un effort constant de s'assurer que nous avons assez de membres, que nous avons suffisamment, une communauté suffisamment grande de personnes qui font appel à nos services, que nous avons un public qui nous suit, le club de la presse ayant déménagé de la Villa La Pastorale au domaine de Pente il y a à peu près une année et demie, évidemment il y a aussi à reconquérir le public, d'autant plus que, suite à la période Covid, évidemment, je dirais le public parfois a de la peine à retrouver le chemin des événements, de sortir, d'assister à des événements présentiels, donc ça c'est aussi je dirais un travail constant d'avoir un beau public qui vous suit.
Donc nous sommes à la recherche aussi, c'est une association privée, nous devons trouver les moyens de vivre, nous sommes quatre collaborateurs tous à temps partiel, mais évidemment qu'il faut faire tourner cette petite entreprise, nous avons un soutien du canton de Genève justement pour les services que nous offrons à la communauté de la Genève internationale, mais c'est un soutien qui, je dirais, heureusement qui nous aide de manière importante, mais qui ne couvre de loin pas l'entier du budget nécessaire à l'exploitation du club de la presse.

-Selon votre observation, existe-t-il des domaines ou sujets que les médias suisses ne couvrent pas suffisamment ? Par exemple, auriez-vous remarqué des lacunes dans la couverture médiatique sur un sujet particulier que vous pourriez vouloir aborder ?


Aujourd'hui encore, je trouve que les médias suisses très bons dans tous les domaines, et j'espère que les conditions économiques difficiles auxquelles ils font face actuellement ne compromettront pas les qualités d'enquête, de reportage et d'analyse dont font preuve les médias suisses, que ce soit à la radio, à la télévision ou dans la presse écrite.
Ensuite, là, on sait qu'ils participent à tous les grands consortiums d'enquête, d'investigation et d'enquête au monde, dans toutes ces liques, ces fuites de données.
Évidemment que nous avons des médias suisses et des groupes de presse suisse qui en font partie.
Par contre, les journalistes aujourd'hui ont, par exemple, en Suisse, tout ce qui concerne le secret bancaire, par exemple.
Paradoxalement, les médias suisses, disons les banques, sont protégées par un article de loi qui, aujourd'hui, fait que les médias suisses ont encore de la peine à pouvoir sortir les données qui concerneraient le secret bancaire en lien avec les banques suisses.
Mais sinon, je pense que les médias suisses n'hésitent pas, d'ailleurs, à critiquer l'action de leurs propres groupes.
il y a une très grande liberté de parole et d'expression en Suisse par rapport aux actions, que ce soit des gouvernements cantonaux ou du gouvernement fédéral, et puis que la politique internationale est bien suivie en Suisse.
Et ceci s'explique, je pense, en grande partie parce que justement, lorsqu'on est en Suisse romande, et bien on a Genève, et qu'à Genève nous avons accès au monde entier, et qu'une très grande décision concernant le monde sont prises ici à Genève, donc forcément lorsqu'on est journaliste suisse, on développe naturellement un intérêt très poussé pour les questions de géopolitique internationale.


-Suivant cette question, avez-vous des observations ou des commentaires à partager spécifiquement sur les journalistes eux-mêmes ? Par exemple, si certains journalistes montrent de l'indifférence à l'égard de certains sujets, comme le fait de ne pas assister à des invitations, avez-vous des remarques à ce sujet ?

-Si les journalistes ne viennent pas, c'est généralement faute de temps.
La difficulté de lancer des invitations aux journalistes, c'est qu'aujourd'hui les journalistes sont de plus en plus surchargés, ils sont de moins en moins, et qu'aujourd'hui il y a une immense sollicitation envers la presse, ici à Genève ou ailleurs en Suisse romande, tout le monde veut parler aux journalistes.
Tout le monde, vraiment.
Toutes les entreprises, toutes les associations, toutes les communautés, toutes les agences internationales veulent parler aux journalistes, et les journalistes évidemment ne peuvent pas tout traiter.
Donc la difficulté, ou je dirais que la complexité, c'est d'établir une bonne relation avec certains journalistes dans certains domaines, et puis de savoir qui s'intéresse à quoi, et de choisir le bon agenda en quelque sorte, le bon moment pour sortir certains thèmes.
Ensuite non, les journalistes s'ils ne viennent pas, ce n'est pas par désintérêt du sujet, c'est vraiment parce que soit ce n'est pas dans l'actualité, effectivement aujourd'hui l'actualité est prioritaire dans tous les médias, s'il n'y a pas une news, une information, une annonce, c'est effectivement très difficile d'amener un sujet qui n'est pas déjà à l'agenda.
Donc nous, au club de la presse, nous essayons de proposer des débats qui font écho justement à l'actualité, que ce soit aux thématiques qui sont traitées lors des sessions des droits humains, ou à d'autres agendas des agences venusiennes, en termes de santé, d'économie, d'intelligence artificielle, ou évidemment si les gens nous sollicitent pour une conférence de presse, bien leur expliquer qu'il faut qu'il y ait une annonce, quelque chose qui soit suffisamment actuel pour intéresser et faire se déplacer les journalistes.


Si le classement annuel de "Reporters sans frontières" place la Suisse aux alentours de la dixième position, ce qui la positionne parmi les pays nordiques toujours en avance, en quoi pensez-vous que les médias suisses pourraient encore présenter des lacunes en matière de liberté d'expression?


-Ça peut tenir à des détails, il y a davantage en Suisse, aujourd'hui en Suisse on n'hésite plus à porter plainte contre des journalistes, et à utiliser le droit à interdire la publication d'un article, ces fameuses mesures provisionnelles sont très vite, je dirais, activées par une personne qui se sentirait attaquée par un article, et donc ça c'est un objet de lutte des personnes qui luttent dans le domaine du droit des médias en Suisse, effectivement s'assurer que ces fameuses mesures provisionnelles ne soient pas activées trop vite, et qu'on puisse publier les articles, quitte ensuite évidemment à publier des droits de réponse, mais au moins que les articles puissent sortir, et il y a aussi certaines techniques plus précises comme par exemple tout ce qui est caméras cachées, il y a eu des procès très importants en Suisse mais qui font qu'encore aujourd'hui certaines techniques dont comme justement les caméras cachées ou le journalisme undercover comme on ditest plus restrictif en Suisse que dans certains pays, comme dans certains pays nordiques.
Donc je dirais que c'est principalement dû à l'arsenal législatif que la Suisse n'est pas, je dirais, dans le trio de têtes.
Mais être à peu près dixième sur plus de 140 pays exercer le métier de journaliste en Suisse reste quelque chose de relativement confortable, évidemment par rapport à d'autres pays à l'international.


-Oserais-je poser une autre question : comment se situe la rémunération des journalistes en Suisse comparée à celle des journalistes et écrivains dans les pays de l'ex-Union soviétique, où souvent ces professions connaissent des conditions financières plus modestes ?


-Les journalistes suisse gagnent de moins en moins bien leur vie. Clairement, les salaires ont baissé.
La plupart des conventions de tarifs qui étaient encore appliquées ne sont plus appliquées par les médias eux-mêmes.
Donc aujourd'hui, on peut dire que le journalisme n'est plus une profession attractive d'un point de vue salarial.
On peut aussi ajouter que les rédactions licencient beaucoup de journalistes.
Par conséquent, de nombreux journalistes choisissent de travailler en indépendant, en collaborateur extérieur, en pigiste.
Et là, les conditions sont déplorables.
Les collaborations extérieures sont mal payées, de plus en plus mal payées, et donc pour tourner aujourd'hui, un journaliste qui se lancerait en indépendant doit effectivement soit travailler non-stop, soit avoir une autre activité à côté.
Et donc clairement, on peut presque dire que le métier de journaliste en Suisse est en voie de précarisation et risque de ne plus attirer des gens qui ont fait des études, par exemple, de droit ou d'économie ou des études scientifiques.
Aujourd'hui, nous aurions besoin de journalistes qui sont bien formés dans ces domaines-là.
Or, clairement, le métier de journaliste ne va plus être suffisamment attractif pour ces personnes qui pourraient trouver, grâce à leur formation, des métiers bien plus incitatifs d'un point de vue financier.

-Comment définiriez-vous, par exemple, la crise des médias selon votre perspective personnelle ?


-La crise des médias en Suisse est la même que celle dans les autres pays occidentaux, c'est-à-dire que l'équilibre entre les recettes venant de la publicité et des lecteurs, cet équilibre-là s'est complètement rompu, à la fois parce que la publicité ne vient plus dans les médias mais va dans les réseaux sociaux, et d'autre part parce que le public a, hélas, pris l'habitude de ne pas payer pour l'information.
Et aujourd'hui, ce qui est urgent, c'est de faire comprendre au public que s'il souhaite avoir des informations fiables, s'il souhaite lire des informations intéressantes, des reportages, des enquêtes, s'il souhaite admirer les journalistes, s'il souhaite leur faire confiance, ce travail-là doit pouvoir être payé.
Et que donc, en tant que consommateur, comme on achète son pain, il faut qu'on comprenne que l'information elle-même ne peut pas tomber du ciel gratuitement, et que les réseaux sociaux ne sont qu'un tuyau.
Le contenu doit venir d'un être humain si possible, et pas d'une intelligence artificielle.
Et puis, il faut que les groupes de presse investissent dans les médias et qu'ils ne capitalisent et qu'ils ne captent pas les ressources qui viennent de la publicité pour en faire autre chose.
Et ensuite, il faut que les structures journalistiques indépendantes qui se créent, qui aujourd'hui sont en grande partie l'avenir du journalisme, trouvent un chemin dans la jungle des modèles économiques possibles aujourd'hui.
On voit beaucoup de crowdfunding.
C'est une solution, mais seule, ça ne servira à rien.
Aujourd'hui, les communautés publiques, les états, les cantons, ont envie d'une solution de s'investir pour garantir un journalisme de qualité mais tous cherchent une manière de le faire, quel financement direct ou indirect voilà donc ce que j'espère c'est effectivement que l'économie des médias je dirais perdura enfin trouvera une solution pour permettre aux métiers de perdurer.


-Pouvons-nous aborder le sujet de la littérature maintenant que nous avons évoqué votre expérience en tant qu'autrice et critique littéraire ? Auparavant, peut-être écriviez-vous abondamment, mais avec vos responsabilités actuelles qui exigent une constante activité, ressentez-vous un manque pour l'écriture ?


-J'ai toujours cherché à garder un lien avec ma passion de toujours qui est le monde des livres, la littérature, j'ai commencé le journalisme en étant critique littéraire ensuite j'ai fait beaucoup d'autres choses dans le monde du journalisme j'ai été chef de différentes rubriques, sociétés, culture en général, j'ai été rédactrice en chef adjointe du magazine Lebdo et donc et aujourd'hui j'ai gardé un lien avec à la fois l'écriture et la littérature puisque j'écris pour le journal dominical « Le matin dimanche » donc sur des livres, la littérature et en parallèle j'essaye effectivement de garder enfin d'écrire des livres de journaliste c'est à dire que j'écris des livres par exemple sur le Léman, le lac dans lequel ici à Genève nous baignons donc j'écris un petit livre sur le lac Léman, un autre sur le Montana, l'état américain du Montana, je suis passionnée par ce qu'on appelle le nature writing incarné par des auteurs comme Jim Harrison, j'ai aussi écrit un livre sur Heidi parce que l'histoire de Heidi, cette petite fille des montagnes devenue une icône universelle connue dans le monde entier son histoire est passionnante, ça va bien au delà d'une simple histoire pour enfants et c'est même un livre en fait qui est un livre à la fois qui raconte l'histoire de Heidi mais c'est un livre de cuisine et on donne des recettes, c'est un livre que j'ai écrit avec une amie écrivaine culinaire Anne Martinetti, j'ai aussi écrit des livres collectifs, des promenades littéraires à Lausanne ou en Suisse romande, aussi un petit livre sur le poète Alexandre Voisard qui est un très grand poète de langue française et qui habite en Suisse romande, donc j'essaie comme ça de garder aussi une activité d'auteur et j'adorerais avoir encore plus de temps pour m'attaquer à une des mille idées de publications que j'ai.

-D'où tirez-vous votre inspiration et les stimules ?


-Quand on est journaliste, on est curieux de tout, quand j'étais petite on m'appelait Madame Pourquoi, j'ai toujours été curieuse de toutes sortes de sujets et quand on est journaliste ou quand on écrit des livres, finalement ça nous donne l'occasion de répondre à ces questions.
Je suis une immense lectrice, j'adore lire et lire des livres est une manière de voyager, est une manière de découvrir le monde, les autres, comment les autres vivent, se mettre dans la peau des personnages, qu'ils soient hommes, femmes, enfants, vieillards et la lecture est aussi une manière de répondre à des questions qu'on se pose.

-Que pouvez-vous partager sur la littérature suisse contemporaine et quelles tendances ou caractéristiques remarquables observez-vous dans la scène littéraire actuelle de la Suisse ?


-La littérature en Suisse romande est très vivante, vraiment la scène littéraire est très vivante, il y a des auteurs de toutes les générations qui écrivent, qui publient des romans, des essais, de la poésie, des livres de voyage, il y a aussi de multitude de maisons d'édition.
Ensuite il y a peu de maisons d'édition qui sont grandes, importantes et suffisamment puissantes pour être bien diffusées en France et être bien connues du grand public.
Auparavant, à Paris, être issu de Suisse romande était parfois considéré comme un désavantage, mais heureusement, les jeunes auteurs contemporains ne rencontrent plus ce souci. Ils écrivent en langue française, et que l'on soit Suisse, Français, Belge ou Québécois, cela n'est plus une question ; l'identité n'est plus confinée à une nationalité.


Donc il y a de très bons auteurs en suisse-romande, Elisa Chua du Sapin qui est une jeune autrice d'origine jurassienne qui est publiée aux éditions Zoé et qui depuis quelques années multiplie les prix et les récompenses internationales.
Joël Dicker évidemment, Joël Dicker qui est genevois et qui depuis l'affaire Harry Kéber, ça fait maintenant une quinzaine d'années qu'il écrit, vraiment explosé, est devenu une personnalité connue dans le monde entier et le succès de quelqu'un comme Joël Dicker fait beaucoup de bien aux auteurs de suisse-romande parce qu'évidemment ils se disent tous mais finalement il ouvre le champ des possibles, si lui l'a fait, moi peut-être que ça peut m'arriver.
Ensuite en suisse-romande les gens lisent beaucoup, ils aiment lire, il y a vraiment une culture du livre qui est importante, une culture de l'édition aussi, il y a voilà l'édition, la lecture, les bibliothèques, les librairies, tout ça c'est quelque chose qui est important en suisse-romande, j'espère que ça le restera longtemps et les gens lisent d'ailleurs que ce soit les livres imprimés ou des e-books et je dirais qu'aujourd'hui c'est quelque chose d'important, être écrivain symboliquement ça compte.
Ensuite par contre on ne peut pas en vivre c'est à dire que économiquement la suisse-romande est un petit marché comme on dit donc même si on vend des livres on n'en vend pas assez pour vivre donc les écrivains en suisse-romande ont tous une autre activité à côté, ça n'empêche pas qu'il y ait de nombreux festivals du livre, il y a le livre, le salon du livre de Genève, au printemps, en automne il y a un festival littéraire qui est le livre sur les quai à Morge et entre deux il y a des dizaines de festivals littéraires plus ou moins petits, plus ou moins grands et qui font que vraiment si on aime ce domaine là en suisse-romande on est vraiment servi.
Il y a une tendance qui est née il y a aussi une dizaine d'années c'est le polar en suisse-romande, quand on a eu cette grande vague du polar nordique qui a balayé tout le monde et l'Europe et bien les auteurs en suisse-romande se sont mis à écrire des polars qui se passent ici en suisse-romande avec beaucoup de succès et aujourd'hui les auteurs les plus connus et les plus populaires en suisse-romande ce sont des auteurs de polar, Nicolas Feucht, Marc Foltenauer par exemple ou Catherine Rolland, on pourrait citer comme ça une dizaine de noms d'hommes et de femmes qui sont des auteurs très populaires dans le genre polar et qui tous parlent de lieu en suisse-romande dans leur polar.

En considérant les grandes différences entre le suisse-romande et le suisse-alémanique, notamment sur le plan linguistique, pensez-vous que cela influence la perception d'une personne venant d'un pays où les distinctions linguistiques sont marquées ?


Oui clairement le pays c'est la langue, la suisse-romande regarde Paris et la France et la suisse-allémanique regarde l'Allemagne, Berlin et toutes les grandes villes allemandes.
Nous avons très peu d'artistes, de personnalités de la culture et ou d'écrivains même qui sont aussi connus en suisse-romande qu'en suisse-allémanique.
Vraiment je pense que je peux citer Martin Souter, Joël Dicker mais ce sont là les plus connus pour les auteurs vivants.
Ensuite il y a des auteurs morts comme Frédéric Durenmatt, Max Frisch, Fritz Zorn dans l'autre sens, Rameau qui ont traversé la frontière mais sinon il y a effectivement je pense un problème de circulation des oeuvres, de traduction et ensuite de popularité des personnalités de part et d'autre.
Mais je pense que sincèrement pour les gens le pays c'est la langue et moi-même j'en suis la première consciente, je me sens appartenir au pays de la langue française.
Une langue c'est toujours plus qu'un simple moyen de communiquer. Communication. Ça va de pair avec une forme, de manière d'organiser la pensée, une sensibilité..
Mais malheureusement, on ne peut pas vivre de sa plume en suisse romande. Et si on y arrive, c'est une exception. Mais non seulement, par tout, dans le monde c’est pas facile.

Mais ce qui est intéressant, c'est qu'aujourd'hui, la génération des jeunes écrivains, qui aujourd'hui peut suivre une formation, on peut suivre. Il y a une haute école, l'Institut littéraire suisse, permet de se former en écriture.
Et aujourd'hui, les jeunes écrivains essayent de vivre de leur plume, mais en déclinant les activités d'écriture.
On ne vit pas des romans qu'on publie.
Si on vit de sa plume, on vit d'autres choses.
On vit de textes de commandes, on vit des droits de traduction, des droits d'adaptation, on vit des lectures que l'on donne, ou des débats auxquels on participe, s'ils sont effectivement payés, rémunérés.
Et aujourd'hui, il y a beaucoup de jeunes auteurs qui sont prêts à faire des concessions sur leur, disons sur leur, comment dire, qui sont prêts finalement à vivre avec moins, et donc à vivre peut-être en dépensant moins, mais pour tenter de vivre de leur plume.
Ce qui est possible lorsqu'on n'a pas de famille, ensuite, effectivement, on se trouve généralement à devoir chercher une activité à côté.
Mais on sort de ce modèle, qui était un modèle très rempandu du prof, de la personne qui est enseignant, professeur, et qui à côté écrit, ou qui attend la retraite pour écrire.

-La critique est-elle avant tout cruciale pour l'écrivain lui-même ou pour le public, notamment le lecteur ?

-La critique littéraire est importante autant pour les lecteurs que pour les écrivains.
Pour les écrivains, ils ont besoin d'un retour sur leur travail, ça c'est vital, qu'ils aillent au-delà du retour de leur éditeur.
Les auteurs ont un besoin vital, évidemment, qu'on parle d'eux, d'exister.
Si on écrit, qu'on publie, et que tout ça se fait dans une invisibilité totale, c'est très difficile à vivre.
Et ensuite, le public, devant la masse de livres qui paraît chaque semaine, chaque mois, il faut des prescripteurs, il faut des gens qui vous donnent des conseils de lecture, qui vous disent, si vous aimez tel type de livre, cette nouveauté va vous plaire.
En Suisse romande, il y a plusieurs types de prescripteurs, il y a les libraires, les bibliothécaires, il y a des gens qui ont des blogs de lecture en ligne, il y a les communautés de lecteurs sur différentes plateformes, et le critique littéraire est à la fois un prescripteur, mais il va aussi son travail, parce qu'il est un expert, parce que normalement il a vraiment des compétences
qui lui permettent aussi de mettre dans un contexte, il va aller au-delà de son simple avis.
Donc le critique littéraire est un prescripteur mais avec des spécificités qui sont différentes de celles, encore une fois, des autres prescripteurs de toute la chaîne du livre.
Donc il est utile critique littéraire autant pour la production littéraire que pour la, je dirais ensuite, la consommation littéraire.


-Et ma dernière question : on dit qu'il n'y a plus d'amour comme avant, est-ce que c'est vrai ?


-Oh l'amour est encore au coeur de tous les romans qui paraissent, peut-être qu'il se dit d'une autre manière, qu'on utilise des autres mots, peut-être qu'il est plus compliqué qu'avant parce que finalement dans l'amour aujourd'hui, lorsqu'on habite évidemment dans une société libre et qui donne tous les droits aux femmes et aux hommes, finalement on a tous les choix.
Donc plus on a le choix, on peut choisir sa vie et donc c'est encore plus compliqué.
Mais non, l'amour est au coeur d'une multitude de romans qui paraissent.
Je pense que c'est la grande affaire de la vie des auteurs et de la vie des hommes et des femmes en général.

Zhenishbek Edigeev

President of the "Alpalatoo" Association

The main office of the "Alpalatoo" Association is located in the city of Geneva, with a branch in the capital of Kyrgyzstan, Bishkek.

Address: City of Geneva, 24 Chemin de Beau-Soleil Street 1206