- Bonjour et merci d'avoir accepté notre invitation. Pour commencer, quel a été l'élément déclencheur de votre engagement en politique ?
Bonjour, merci à vous pour cette interview. J'ai toujours eu le sentiment d'être engagée, en tout cas pour la société et le monde qui m'entoure. Mais le véritable déclic est venu avec la naissance de mes deux filles. À l'époque, j'étais productrice de films et très active dans le domaine culturel, mais il me manquait une implication plus politique, au-delà de la culture. C'est ainsi que j'ai adhéré au Parti socialiste en 2010.
- Vous vous présentez en tant que socialiste. Comment définissez-vous le socialisme aujourd'hui dans une ville comme Genève ?
C'est une question intéressante. Lorsque nous distribuons des tracts dans la rue, les Français nous demandent souvent si le Parti socialiste suisse est vraiment à gauche, car en France, il a plutôt dévié vers la droite ces dernières années. En Suisse, le Parti socialiste a conservé ses valeurs fondamentales : le partage des richesses et la solidarité. Nous sommes un parti de gauche, voire très à gauche, et c'est une position que j'assume pleinement et que je défends.
- Quel a été le plus grand défi que vous avez rencontré dans votre carrière politique ?
Mon plus grand défi est en cours. C'est un immense honneur que le parti m'ait choisie comme candidate au Conseil administratif. Nous sommes en pleine campagne pour le deuxième tour, et le plus difficile pour moi est de me mettre en avant pour un poste aussi exposé. J'ai toujours été plus à l'aise pour défendre des idées en retrait, plutôt que d'être sur le devant de la scène.
- Si vous êtes élue, quelle serait votre priorité absolue pour Genève ?
L'urgence la plus grande à Genève, comme ailleurs, est sociale. Certes, les enjeux climatiques sont aussi cruciaux, mais la précarité ne cesse d'augmenter alors que les revenus généraux progressent. Mon combat est donc de réduire ces inégalités. Par ailleurs, je tiens à soutenir activement le milieu culturel. Il est essentiel que les artistes puissent vivre correctement de leur art et que des lieux et moyens soient développés pour la culture à Genève.
- La gauche genevoise est parfois divisée. Comment pensez-vous pouvoir rassembler et créer un consensus ?
Heureusement, au Parti socialiste, nous avons une tradition de rassemblement. Nous sommes le plus grand parti de la ville de Genève, et la cohésion interne y est forte. Les divisions se situent plutôt au sein des partis d'extrême gauche, qui, historiquement, ont du mal à s'entendre. Ce n'est pas au Parti socialiste de régler leurs différences, mais j'appelle de mes vœux une unité de la gauche. D'ailleurs, ils ont su s'unir pour le Conseil municipal, ce qui est une très bonne chose.
- Pensez-vous que Genève puisse être un modèle en matière de réduction des écarts de richesse ?
Oui, car nous avons les moyens financiers de lutter contre la précarité et d'aider ceux qui en ont besoin. Nous avons non seulement les ressources, mais aussi la responsabilité de le faire. C'est un combat que je mènerai avec détermination.
- Comment voyez-vous l'évolution du rôle de l'État dans les décennies à venir ?
Je défends un État fort et une présence des collectivités publiques sur le terrain. C'est pourquoi nous devons maintenir un système fiscal équitable permettant une redistribution des richesses. L'État est le premier rempart contre la pauvreté et les inégalités.
- Quelle est, selon vous, la plus grande menace qui pèse sur nos sociétés aujourd'hui ?
Le délitement de la presse. Une information solide, vérifiée et accessible à tous est essentielle. Lorsque l'information disparaît au profit des fake news, les sociétés se fragilisent et les extrêmes prospèrent.
- Quel conseil donneriez-vous à une jeune femme souhaitant se lancer en politique ?
Je lui dirais : lance-toi ! Tout le monde est légitime pour faire entendre sa voix et défendre celle des autres. Au Parti socialiste, nous avons une jeunesse très active et un bel esprit de camaraderie. La politique peut aussi être festive et enrichissante.
- L'élection approche. Vous sentez-vous plutôt optimiste ou toujours aussi motivée ?
Je suis de nature optimiste et toujours très motivée. Mais il reste encore beaucoup d'incertitudes, et je ressens un certain stress. Verdict le 13 avril.
- La jeunesse semble peu engagée dans cette élection. L’avez-vous remarqué, ou constatez-vous une participation active ?
Malheureusement, la jeunesse vote très peu, que ce soit aux votations ou aux élections. Nous faisons tout pour aller à leur rencontre, les sensibiliser, mais c'est un public difficile à mobiliser. Pourtant, il est essentiel qu'ils s'engagent, car c'est leur avenir qui est en jeu.
- Et maintenant, à vous le micro ! Que souhaitez-vous dire à vos électeurs ?
Avant tout, merci aux 15 000 personnes qui ont voté pour moi au premier tour. Le Parti socialiste est à votre écoute et prêt à vous défendre. Nous sommes accessibles et engagés à répondre à vos attentes.
- Merci beaucoup pour cet entretien enrichissant. Je vous souhaite bonne chance !